24 juillet 2025

Face à la nature, un banc où sont assis une femme et un homme, avec une place sans personne à coté d'eux - Photo de James Kovin sur https://unsplash.com/fr/photos/homme-et-femme-se-tenant-la-main-tout-en-marchant-sur-un-champ-dherbe-verte-pendant-la-journee-5wWQCvBm39Y
Bible

Un couple chrétien peut-il décider de ne pas avoir d’enfant ?

Question posée :

Salut Pasteur,

Je voudrais par ce canal vous poser une question. Prière de me donner une réponse précise avec les exemples pris dans la Bible en tenant compte des dispenses et des principes bibliques.

Voici la question : un couple chrétien peut -il décider de ne pas avoir d’enfants, fruits de leur union ?

Merci.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur,

Bravo de vous poser des questions.

Interpréter la Bible avec l’Esprit Saint, pas à la lettre

Bravo de compter sur la Bible pour vous éclairer. C’est souvent une excellente première étape dans la réflexion. En même temps, le même passage de la Bible peut être interprété de bien des façons et il est donc dangereux de faire d’un verset ou de quelques versets la réponse à notre questionnement. Il est meilleur de prendre les textes bibliques comme des questions permettant d’interroger notre foi, notre réflexion, notre théologie. Nous aidant à nous remettre en question nous-mêmes. Hélas, nous avons parfois tendance à avoir notre propre réponse, puis à chercher dans la Bible des arguments pour étayer notre propre vision. Cela ne nous aide pas à avancer. Et dans ce sens-là, il peut arriver que les paroles de la Bible soient pour nous un piège, un sujet à tentations, comme Jésus dans le désert : ce sont des paroles bibliques qui, lues d’une certaine façon, sont pour lui source de dangereuses tentations (Matthieu 4:6). Tout est une question d’interprétation. C’est pourquoi il importe de compter sur l’Esprit Saint pour nous aider à voir clair. Comme le dit l’apôtre Paul : le Christ « nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. » (2 Corinthiens 3:6)

Libre arbitre et vocation : la maternité n’est pas une obligation

Pour ce qui est de votre question, je dirais que la réponse dépend de la vocation de chaque personne, et que ce serait tout à fait nocif d’imposer à tout couple de vouloir avoir des enfants. C’est un magnifique projet, c’est presque un apostolat, si l’on veut prendre cela avec responsabilité. Mais si une femme, si un homme, si un couple n’est pas motivé par ce projet : ce serait cruel de le leur imposer, et ce serait dévastateur pour les parents et pour l’enfant. C’est donc avant tout, comme pour toute vocation, à voir directement par la personne à tel moment de sa vie, avec l’aide de l’Esprit Saint. Cela demande de creuser en soi-même, cela demande de discuter avec son conjoint, cela demande de voir si les circonstances pratiques s’y prêtent. Tout cela demande de la réflexion et de la prière pendant un certain temps.

Genèse 1 : le mandat de fécondité en question

Venons-en à la justification biblique demandée.

Je pense d’abord au récit de la création de l’humain dans la première page de la Bible, c’est un récit qui nous concerne directement : il parle de l’humain que Dieu est en train de créer en nous-mêmes. Ce récit se conclut par cette vocation donnée à l’humain par Dieu : « Dieu créa l’humain à son image, il le créa à l’image de Dieu, il le créa mâle et femelle. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez. » (Genèse 1:27-28)

Une interprétation « à la lettre », comme le dit Paul, assurerait que voilà : la solution est clairement dans ce verset important : tout couple humain, mâle et femelle, a pour vocation, ce devoir commandé par Dieu de procréer, de multiplier ainsi les petits humains sur terre, et de dominer le monde entier.

Seulement, là encore, il est plus juste de prendre ce passage, comme tous les autres, comme une interrogation. Puisqu’il y est question de fécondité, qu’est-ce qu’être fécond ? Qui doit être fécond : est-ce l’homme, est-ce la femme ou seulement le couple homme et femme ? Que faut-il multiplier ? Comment gouverner et dominer la nature selon la volonté de Dieu ?

Pour chercher des indices sur la réponse à apporter, comme chrétiens nous pensons que Jésus-Christ accomplit les Écritures. Il est donc pour nous une clé d’interprétation importante et même déterminante de tout le reste de la Bible.

Fécondité spirituelle et exemple de Jésus-Christ

On peut dire que la vie du Christ a eu une certaine fécondité : 2 000 ans après, nous sommes des milliards à chercher à vivre en nous inspirant de lui, témoignant qu’il nous fait vraiment vivre d’une façon plus intense, plus libre et plus belle. Or, Jésus accomplit ce verset de la Bible, l’Adam véritable, c’est lui, comme le dit prophétiquement Ponce Pilate en le présentant à la foule en disant : « Voici l’homme » : voici l’Humain véritable tel que Dieu l’a toujours espéré. Il est l’aboutissement de cet élan de création de Dieu dont parle la Genèse. On ne sait pas si Jésus a été marié ou non puisque la Bible ne le dit pas. Mais il est presque certain historiquement qu’il n’a pas eu d’enfant, ou pas laissé d’enfant vivant, sinon cet enfant, garçon ou fille, aurait eu une très grande importance dans l’Église de la première génération. Encore plus que Jacques « le frère du Seigneur » qui devient chef de l’Église au-dessus même de Pierre, de Jean, et de Paul.

Cela veut dire que l’appel à la fécondité biblique n’est pas seulement de la procréation.

En même temps, la fécondité passe parfois par la procréation et l’éducation d’un enfant, comme on le voit dans des récits bibliques depuis Abraham et Sarah jusqu’à Marie et Joseph dans l’Évangile selon Luc et selon Matthieu.

La fécondité de Marie-Madeleine et d’autres figures bibliques

Mais on voit en Jésus que la fécondité n’est pas seulement celle d’un couple, mais d’un homme ou d’une femme : par exemple en ce qui concerne Marie, mais surtout en ce qui concerne Jésus et son extraordinaire fécondité. Elle ne passe pas par la procréation mais à travers son ministère de Christ et sa compassion pour la personne rencontrée. On voit aussi la fécondité de Marie-Madeleine qui, selon les 4 Évangiles pour une fois unanimes, la montre découvrant la première la résurrection du Christ, étant alors faite apôtre des apôtres, chargée de les enseigner sur le Christ vivant, avec là aussi une fécondité extraordinaire. Tout cela invite à une lecture plus ample de la mission de l’humain donnée en Genèse 1 : la personne humaine est appelée à la fécondité, certes, à l’image de Dieu : en créant et en bénissant. Cela peut être fait selon les circonstances et les talents de chacune et de chacun, selon l’appel qu’il va discerner à tel moment de sa vie.

Multiplier selon l’Évangile : amour, paix et mission

Qu’est-ce que le Christ a multiplié ? les pains et les poissons (dans un récit de l’Évangile), mais de quoi est-ce le signe, et que multiplie le Christ pour nous aujourd’hui ?

1) L’amour, selon ce qu’il dit : « Comme le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. » (Jean 15:9) : cela est une multiplication, l’amour qu’il a reçu de Dieu : il l’a multiplié en autant de personnes qu’il a rencontrées et qui ont entendu parler de lui. Chacune de ces personnes va encore multiplier cet amour en aimant deux ou trois personnes, peut-être, dans sa vie. Et ainsi de suite.

2) Il y a une autre chose que le Christ multiplie explicitement, c’est le fait d’être envoyé en mission dans le monde, porteur de Paix, d’Esprit et du pardon de Dieu. En effet, Jésus leur dit « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit. » (Jean 20:21-22) Là aussi, Jésus est dans la multiplication d’une dynamique fondamentale, celle de Dieu.

Dominer le monde selon l’exemple du Christ : par le service

Comment gouverner et dominer le monde, selon ce que nous voyons du Christ ? Avant même son début de vie publique, Jésus est tenté par différentes façons d’être, en particulier il a la tentation de dominer par la puissance. Finalement, sa façon d’être sera plutôt le service par amour, le souci de l’autre, le fait de rendre l’autre puissant en le faisant se sentir digne de faire la différence, en lui donnant la paix par la confiance en Dieu, en lui donnant l’Esprit. C’est une tout autre sorte de domination que celle du loup chef de meute. Et c’est très inspirant.

Discernement spirituel et accompagnement de l’Esprit

Cette clef d’interprétation des Écritures qu’est le Chridt donne une tout autre lecture que celle faite à la lettre. Elle ne résout pas tout non plus : il reste à nous demander, personnellement, en vérité : à cet instant présent, ne suis-je pas appelé à une certaine fécondité, à laquelle, seul ou avec d’autres ? Pour avancer, cela me demande de mieux me connaître moi-même, cela me demande d’observer le monde qui m’entoure et de m’en préoccuper, cela demande de compter sur Dieu pour m’aider à voir clair, cela me demande de la souplesse et de l’amour. Cela me demande de laisser les autres libres dans leur propre recherche de leur vocation, sans voir seulement midi à ma porte…

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. Jean-Marie dit :

    Puis-je ajouter à votre inspirante réflexion : qui sommes-nous pour prétendre définir ce qui nous soulève vers le bien ? La force créatrice déposée en chaque être humain se vit de manière originelle et originale. Elle ajoute une part d’offrande à l’offrande mystérieuse du Créateur en nous.

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