des enfants aux bottes salies dans la boue - Photo by Ben Wicks on https://unsplash.com/fr/photos/iDCtsz-INHI
Bible

Tous les baptisés seraient responsables collectivement des abus sexuels dans l’Eglise ?

Par : pasteur Marc Pernot

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Question posée :

Bonjour Monsieur,
Je souhaite avoir votre éclairage sur une question qui m’oppose à certaine personne sur le sujet des abus sexuels dans l’Eglise catholique.
La personne en question me soutient que tous les baptisés sont responsables collectivement du seul fait de leur baptême. Cette idée me répugne car en tant que mère de famille ne connaissant les agresseurs ni d’Eve ni d’Adam… Je ne vois pas comment concevoir une seule seconde que je puisse avoir en tant que Chrétienne lambda la moindre responsabilité dans ces affaires lamentables . Comment peut-on justifier sa position d’un point de vue théoligique? Certes je suis d’accord pour dire et penser que le mal fait par le plus petit d’entre les humains rejaillit sur l’humanité entière mais comme victime et non comme solidaire du mal. Qu’en pensez-vous ?
Merci de votre éclairage je vous lis toujours avec plaisir.
Cordialement.

Réponse d’un pasteur :

BBonjour Madame

Toute ma compassion, je suis désolé qu’on vous jette cela à la tête. Cela est une partie dus dégâts immenses commis par ces hommes par des actes monstrueux. Les victimes innombrables sont les premières vicitimes, bien entendu. Les fidèles des paroisses, et je dirais les chrétiens et les croyants sont victimes moins cruellement mais le sont quand même, comme votre témoignage le souligne. Ce n’est pas une question de baptême ou de non baptême. Ce serait la même chose pour une association sportive qui abritait en son sein des pédophiles, cette opprobre retombe plus ou moins sur l’ensemble des personnes. C’est un amalgame bien humain.

D’un point de vue théologique, je comprends l’idée : nous formons un même corps par l’Esprit, le corps du Christ, selon les termes de l’apôtre Paul (par exemple en 1 Corinthiens 12). Ce n’est pas une question de baptême qui ferait que l’on serait membre de ce corps, car Dieu, par son amour, regarde chaque personne comme son enfant, il a donné de son Esprit, de son souffle à chaque personne, et nous sommes donc, consciemment ou inconsciemment membre de ce corps. Le corps entier souffre quand un seul membre est malade. C’est vrai. Mais je dirais que ce n’est pas une question de culpabilité au sens de celle du violeur, du pédophile et de ceux qui ont laissé faire en laissant ce type de personne en responsabilité. Nous avons plus une responsabilité collective, en tant que société, de prendre les mesures pour que cela n’arrive pas. Et comme vous le dites, de compassion avec les victimes, leur disant qu’elles ne sont pas, jamais, responsables de ce qui leur est malheureusement arrivé.

Je dois dire que cette culpabilisation des fidèles est une cruelle entreprise. Nocive pour les fidèles. Nocive aussi en ce qui concerne le problème car la culpabilisation pousse à la honte, la honte pousse au silence, au recroquevillement. Et donc que cette culpabilisation contribue à entretenir cette chape de secret sur ces questions des agressions et du maintien des agresseurs en poste. C’est peut-être un des butes cherchés si de tels discours de culpabilisation venaient de « responsables » de l’église. Si cela vient de paroissiens de bases c’est peut-être seulement de la maladresse.

Donc coupable, non. L’immense peuple des fidèles est plus victime que coupable. Ensuite, nous pouvons tous être responsable au sens de chercher ensemble, et à tout niveau, à cette question de l’agression. Une importante proportion de femmes (surtout) d’enfants (quelle horreur) et aussi d’hommes sont victimes d’agression ou de pression : dans nos familles, nos écoles, nos églises, nos associations, nos entreprises. Et c’est vraiment l’affaire de tous. De voir, d’entendre le cri même chuchoté, de se sentir concerné, de soutenir, de parler, de faire que les personnes qui ont un problème se fassent soigner et soient écartées des situations à risque…

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Jo dit :

    Bonjour Pasteur,
    Comme d’habitude vous nous livrez une analyse affinée d’un problème de société qui touche le monde catholique auquel j’appartiens. Il semble donc que cette personne ait confondu responsabilité et culpabilité. Bon. Laissons lui la faveur de cette interprétation, même si je ne suis pas convaincue que ce fut son interprétation. Bon. Tout le monde n’a pas le don de l’esprit de finesse cher à Pascal. En revanche je sais que la notion de responsabilité collective dans ce domaine est une invention d’un cardinal pour se soustraire à la sienne. Pauvre Eglise ! J’ai eu l’occasion de connaître un prêtre formidable-il y en a beaucoup-qui me disait « Vous savez, moi je leur dis à ces gens là qui veulent donner des leçons » Nous avons le même évangile mais nous n’avons pas la même religion « . Je pense à ce vieil homme et à tant d’autres prêtres, avec tendresse. Souvenirs qui réchauffent le coeur. Merci frère Marc, toujours une parole juste et recréatrice. Bonne continuation et merci d’avoir pris la peine de me répondre.

  2. Jo dit :

    Je m’empresse d’ajouter évidemment que ce saint homme ne visait pas les autres religions chrétiennes il était trop ouvert d’esprit pour cela, mais les pharisiens de l’église catholique.

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