Que signifie « renoncer à soi-même » et « porter sa croix » que nous propose Jésus ?
Question posée :
Bonjour,
Lorsque je lis ma Bible je me pose parfois des questions sur certains versets. L’autre jour par exemple, j’ai lu Matthieu 16 v 24 : » Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. »
Je me demande particulièrement ce que signifie « porter sa croix », que représente cette croix pour chacun de nous ?
Et renoncer à soi-même est-ce renoncer à ses rêves, à mes projets ? Ou est-ce en rapport avec le fait de ne pas vivre selon la chair mais à vivre selon l’Esprit ?
Merci d’avance,
Réponse d’un pasteur :
Bonjour
La Bible en général, et en particulier l’Evangile ne sont pas favorable à un renoncement de nous-même, ni renoncer à nos projets, ni une négation de notre dimension charnelle.
L’humain est un être de chair et d’Esprit, en tension entre ces deux réalités. C’est l’infinie grandeur de l’humain, et sa difficulté. La vie humaine n’est pas une fuite hors de la chair, ni une négation de la chair, bien au contraire. Nous avons dans notre vocation d’avoir chacun une créativité personnelle, et avoir aussi une créativité collective, en équipe . Et l’Esprit développe cette faculté, et fait le lien entre nous. Effectivement, cette créativité est tournée vers la vie, non vers la mort, ni purement égoïste. Ce serait cela, vivre « selon la chair » : supprimer la dimension de transcendance, d’ouverture au monde, d’esprit d’équipe… pour ne viser que soi-même dans notre seule dimension terrestre. C’est triste et c’est destructeur de dimensions essentielles de l’humain : celles de la transcendance, de la spiritualité et de l’idéal, de la projection que bonnes choses.
Dans ce contexte de compréhension de la vie humaine, ce « renoncer à soi-même et se charger de sa croix » est à mon avis deux choses :
- un appel à sortir de ce notre égocentrisme, à sortir d’une vie purement matérielle, animale, mais charnelle & spirituelle, dans cette tension féconde où c’est le spirituel qui commande, qui fixe les objectifs et qui arbitre les décisions. C’est donc la visée qui renonce à s’enfermer sur notre seule sphère pour se porter au-delà, plus haut et plus large. C’est ne vision du monde qui renonce à ne voir que notre seul être, notre seul intérêt pour saisir que l’humanité et même l’univers forme un corps.
- un appel entrer dans un cheminement d’évolution. C’est le propre de la vie ne ne pas être figée. Et donc paradoxalement, pour vivre il convient d’accepter de mourir à ce que nous étions hier pour vivre à ce que nous serons demain. C’est un processus de conversion permanente, un processus de passage par la croix et par la résurrection. C’est tout simplement vivre, car la vie est un cheminement, une digestion du passé pour créer un futur. C’est vrai que c’est inconfortable et exigeant. Nous préférerions parfois nous cramponner sur nos certitudes d’aujourd’hui, nos rites, notre routine. Sans entrer dans une frénésie qui consisterait à zapper sans cesse, il est sain d’évoluer et de le faire en dialogue avec ceux qui comptent pour nous : Dieu, ceux à qui nous sommes attachés, et ceux qui nous sont confiés.
Avec mes amitiés fraternelles
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Très bien Isabelle !!!