piazza del Popolo à Rome - Photo by Antonio Sessa on https://unsplash.com/fr/photos/8TWBBmha7gI
Question

Le protestantisme me parle, mais j’ai besoin d’images et je suis attirée par les icônes, le chapelet, les bougies…

Par : pasteur Marc Pernot

piazza del Popolo à Rome - Photo by Antonio Sessa on Unsplash

Les deux églises jumelles de la piazza del Popolo à Rome

Question posée :

Bonjour ! J’avoue être perdue dans ma foi. Baptisée catholique mais n’ayant reçu aucune éducation religieuse, je me suis naturellement tournée vers cette foi que j’ai essayé de pratiquer. Je me suis retrouvée assez hermétique au catholicisme, beaucoup de choses me semblent illogiques.
Le protestantisme me parle, les idées et valeurs véhiculées sont en adéquation avec ma vision de l’Évangile. Or, l’austérité des églises et des cultes me refroidit. J’ai besoin d’images, je suis attirée par les icônes, le chapelet, les bougies… c’est superflus mais j’ai l’impression que c’est aussi une façon pour moi d’ancrer ma foi et ma pratique. Les rituels me rassurent et me donnent en quelque sorte, une raison de continuer et une assise toute particulière. J’essaie de me construire mais je suis tellement tiraillée entre toutes ces propositions, l’orthodoxie m’attire mais me semble loin de mes convictions, le catholicisme me paraît être une solution simple (des églises partout en France), le protestantisme qui est si jeune… je m’interroge ? Que veut Jésus ?
Je suis dans le flou.
Merci pour votre aide !

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo pour votre démarche belle et vraie. Je suis persuadé que cela vous apportera énormément.

Comme vous dites, la pratique religieuse a, en elle-même, peu d’importance, son sens est dans ce qu’elle nous apporte dans notre développement. Je trouve par conséquent votre analyse parfaite, à la fois dans la nature du service offert et de leur effet sur vous.

Il n’y a pas de honte à être soi-même. Chacun a sa façon de fonctionner. Certaines personnes ont parfois besoin de panacher entre différentes églises. Il arrive que certaines critiquent cela, c’est simplement révélateur de leur conception étroite de la vérité. Qu’ils restent dans leur façon de vivre leur religion, c’est bien, mais ce n’est pas une raison pour l »imposer aux autres. L’humanité est plurielle, nous dit l’apôtre Paul, riche d’une multitude de membres différents pas cela, cette diversité étant une richesse, et ne nuit en rien à l’unité du corps du Christ, qui se fait par l’Esprit commun à tous et toutes, et par le fait que les membres pensent les uns aux autres avec attachement et respect. Ce qui divise est précisément de dire : parce que tu ne fonctionne pas comme moi tu n’es pas légitime.

De même pour votre propre tiraillement. Il me semble que vous pouvez vous réconcilier avec chacune de ces deux dimensions de votre pratique, et faire que ces deux dimensions se complètent au lieu de s’opposer.

Vous pouvez :

  • pratiquer les rites catholiques et utiliser les supports catholiques ou orthodoxes utiles à votre foi et à votre piété.
  • et pratiquer la liberté de réflexion et de prière protestante, la conviction que l’amour de Dieu n’est pas à conquérir mais vous précède.

Les deux ne sont pas à opposer, mais peuvent se compléter d’une belle et féconde façon.

S’il arrive que quelque chose vous dérange lors qu’une pratique ou d’une parole entendue dans l’église catholique, il est possible de l’entendre comme une question à creuser ensuite dans votre propre recherche, librement, sans s’arrêter à la position de tel ou tel prêtre, ni à celle du magistère. Cela allie le meilleur (pour vous) d’une démarche catholique et une démarche protestante. Vous n’êtes pas non plus obligée de partager ce questionnement avec n’importe quel fidèle catholique croisé à la sortie de la messe car cela peut éventuellement troubler certaines personnes. Cela demande du discernement, de l’amour pour les personnes rencontrées, afin que ce soit pour le meilleur aussi pour ces personnes. Vous pouvez aussi aller de temps en temps à la messe et autre fois au culte. Ou aller au culte pour votre pratique collective de la religion et utiliser les supports de piété catholiques en complément, dans votre pratique privée….

Le simple fait de chercher à élaborer son propre programme d’exercices religieux, selon votre propre sensibilité, me semble intelligent et bien prendre en compte ces qualités essentielles que sont la lucidité, la sincérité, l’ouverture bienveillante afin de reconnaître le meilleur sans s’arrêter aux petits travers de chaque culte. Il me semble bon de se donner, comme en sport, des objectifs de rythme de pratique de chaque exercice spirituel, quitte à réévaluer ce que cela donne ensuite.

Jésus n’est ni protestant ni catholique. Il n’était d’ailleurs même pas chrétien mais juif, à sa façon assez libre et personnelle, et cette façon nous autorise et nous appelle à définir librement pour nous-même notre pratique religieuse afin d’avancer le mieux possible sur le chemin de la confiance (la foi) dans l’amour de Dieu (la grâce).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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4 Commentaires

  1. Marie dit :

    Au cours des siècles, les peintres/fresquistes/sculpteurs ont interprété les Évangiles, comme les pères et les docteurs de l’église.
    J’appartiens comme auteur à un groupe sur Facebook « Sacred Medieval Latin iconography » . Les icônes orthodoxes, souvent du XIX ieme siècle, sont à la mode. Ce groupe cherche, lui, à faire connaître sous forme de discussion les œuvres religieuses anciennes d’Occident. Les premières images en Occident ont été créées avant la séparation des Églises d’Orient et d’Occident, sont dites “œcuméniques” et ont été oubliées. Les images médiévales plus récentes révèlent comment notre civilisation chrétienne occidentale s’est imprégnée de la peur de l’enfer, du châtiment, d’une culpabilisation nocive.. mais aussi comment elles évoluent vers plus de liberté d’expression, et vers plus de raison, au cours du temps.
    Les images portent le grand danger de devenir des idoles, les textes sacrés induisent beaucoup moins de danger. La Réforme a eu raison de mettre en question les images, les statuts, l’exposition du Saint Sacrement… Cependant, devant la difficulté de représenter Jésus, vrai Dieu et vrai homme, ces œuvres religieuses médiévales, premières ou tardives, questionnent encore. Elles sont tel un lien entre l’imaginaire et la raison. Elles savent ouvrir la prière, donner du sens, bizarrement s’immerger à plus de réalité.
    Bien amicalement.

    1. Marc Pernot dit :

      Très intéressant, merci beaucoup.
      Je suis personnellement fan d’images paléochrétiennes, ce qui va d’ailleurs bien avec les pères de l’église. Leur théologie est vraiment centrée sur la grâce. Parfois le Christ est présenté en philosophe.
      Ceux qui n’ont pas d’image ni de statues sont exposés, eux, à la sacralisation d’une certaine interprétation des textes bibliques (devenant obligatoire pour les fidèles), ou la sacralisation de tel ou tel point de doctrine, ou de rite. Ce n’est pas nécessairement mieux. L’humain rêve toujours de tenir Dieu dans ses mains, d’en être maître. Effectivement, ce n’est pas très favorable? Et comme vous le dites pour le moyen âge, ces fondamentalismes, dogmatismes, moralismes sont parfois source de grandes frayeurs de peines éternelles, Dieu leur étant présenté comme extrêmement en colère et dangereux pour ceux qui seraient tentés de marcher en dehors des clous.
      Alors que Dieu nous bénit et nous accompagne sans condition.

  2. Fabrice dit :

    Voilà une réponse parfaite et bien argumentée, et qui en plus correspond assez à ma manière de faire 🙂 C’est un peu comme ça que je vis ma foi, depuis que je me suis éloigné de l’Église de Rome. Aujourd’hui je me définis plutôt comme une sorte de « chrétien itinérant » qui ne s’enferme plus dans une étiquette confessionnelle trop dure, et qui rend visite à telle ou telle église locale selon son cœur et son désir du moment. Ma manière personnelle de vivre ma foi au quotidien est assez proche de l’Anglicanisme et du Vieux-Catholicisme : un compromis acceptable entre les traditions catholique et réformée. Je possède toujours quelques images et statues, agréables supports visuels mais sûrement pas objets d’une vénération déréglée… Je suis resté attaché à la récitation de la prière de l’Angélus 2 ou 3 fois par jour, mais j’ai épuré cette prière en supprimant la demande d’intercession à Marie, pour ne garder que l’oraison finale qui s’adresse à Dieu seul… Mes prières du matin et du soir sont celles du Petit Catéchisme de Martin Luther… Mon chapelet (que je n’égrène d’ailleurs que très épisodiquement) est celui de l’Église anglicane… J’entre encore très souvent dans les églises catholiques pour mon recueillement personnel, mais je préfère célébrer désormais le Culte au temple protestant 🙂 Et quand je ne lis pas votre blog, cher Marc, je me promène sur les écrits et vidéos de votre frère Louis, ou ceux de sa collègue Florence ! Le miracle à retenir en ce qui me concerne, c’est qu’il y a 3 ans encore : j’étais un catholique romain profondément intégriste, et complètement vitrifié derrière mes grands dogmes. Comme quoi, tout peut changer… C’est magnifique.

    1. Marc Pernot dit :

      Excellent. Cette ouverture et cette ardente recherche sont très inspirantes.
      Dieu vous bénit et vous accompagne

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