Développement
Le couple dans le confinement : il est difficile de gérer les tensions qui s’accumulent dans un petit appartement.
Question posée :
Bonjour Marc j’espère que ce temps particulier du confinement se passe bien.
J’ai une question à propos du couple dans le confinement.
Il est difficile de gérer les tensions qui s’accumulent dans un petit appartement, les tensions personnelles et les ressentiments s’extériorisent plus facilement.
Le quotidien nous paraît lourd, presque vide de sens au point qu’on se demande ce qu’on fait ensemble.
Le smartphone est devenu presque un mur entre nous.
Que faire face à ce désert affectif qui nous inonde ( mauvais jeu de mot mais j’aime les mots !)
Merci Marc.
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Que Dieu vous bénisse et vous accompagne.
C’est vrai, c’est difficile de vivre ce confinement pour beaucoup de personnes, encore plus difficile pour les couples, encore encore plus difficile pour les familles avec des ados.
Et vous avez raison, les difficultés de ce confinement sont cruelles. Ce confinement est sans doute plus facile à vivre quand on a une grande maison avec chacun son espace et un parc de deux hectares… Alors que ceux qui ne sont pas très riches sont tassés les uns sur les autres dans un petit logement sans pouvoir changer d’horizon, sans moment d’intimité, sans avoir d’occupations. Cela conduit très vite à un énervement personnel, et donc vite contre les autres. C’est encore plus dur pour ceux qui perdent même leurs moyens de subsistance à cette occasion. Non, on ne peut absolument pas dire « heureux les pauvres ». En pensant à cela, comme votre question nous y invite, cela nous motive pour prier et pour agir dans la mesure où nous le pouvons pour plus de justice. Et contre les virus qui font tant et tant de morts et de misère.
Pour ce qui est des relations dans ces temps difficiles, je n’ai pas de recette miracle. Bien sûr. Ce à quoi je pense, spontanément :
- C’est que la situation est objectivement difficile, c’est normal que nous soyons secoués. Je pense que c’est le premier point. Ce n’est pas votre faute, ce n’est pas parce que votre couple est désuni, ce n’est pas parce que votre femme ou vous êtes mauvais. C’est les conditions qui sont mauvaises.
- Votre analyse est lucide et saine. C’est exactement le processus. Cette lucidité est un excellent point, car pour soigner il vaut mieux avoir d’abord un bon diagnostique.
- Ensuite, d’une façon générale, pour que les relations soient bonnes, il faut d’abord être soi-même en forme. Ça aide. C’est pourquoi Jésus dit « aime ton prochain comme toi-même » et non seulement « aime ton prochain », car pour aimer son prochain il faut être soi-même un peu en forme. Et donc prendre soin de soi. Cela se travaille, par les exercices physiques (et hop : souplesse, musculation, endurance, accélération du cœur à un rythme adapté. Même en intérieur)., par de la bonne nourriture équilibrée (si possible : et hop à la cuisine pour mijoter de bons petits trucs). Et réveillant son cerveau (comme on veut, mais il y a plein de bonnes littérature, théologie et philosophie sur internet). Et par une bonne forme spirituelle (en priant, à votre façon, vous savez comment faire et sur ce site, il y a plein de conseils pour exercer cela). Ne pas négliger des moments de récréation, apparemment stupides et improductifs (mais même la terre a besoin de temps de jachère).
- D’autant plus que ces temps de confinement sont longs, il me semble bon de choisir et de maîtriser son programme, ses horaires, ses journées de la semaine si l’on veut, avec un planning, des horaires (pour soi, chacun le sien). Quitte à le réviser si on voit qu’on n’y arrive pas, et bien sûr en faisant preuve de souplesse en fonction des autres.
- Ensuite, il faut soigner son rapport à l’autre : le premier point auquel je pense est basé sur la parabole de la brebis perdue que raconte Jésus (Luc 15). Dans son exemple, le berger a 100 moutons, dont 99 sont considérés comme étant parfaits et n’ayant pas besoin de changer, et un seul a besoin que le berger parte le chercher parce qu’il ne va pas bien. Cela me fait dire que l’on peut espérer que l’autre change, ou même parfois le lui faire remarquer, mais à la condition de lui avoir fait 99 félicitations avant pour tout ce qui est génial, juste, bon, aimable en lui. Je dirais que c’est la première des règles du couple, et peut-être de l’éducation des enfants : s’attacher à trouver des sujets d’admirer, d’aimer, de féliciter. Et quand l’autre est une boule de reproches, se rappeler cette vérité essentielle : pour un truc qui ne va pas chez moi, c’est vrai, l’autre a raison, je peux bien le reconnaître car si c’est vrai il est à ce moment là le Christ pour moi, c’est un fier service de m’aider à m’améliorer un peu. Mais ne pas se désespérer, si j’ai ce défaut, Christ, lui, voit 99 choses qu’il aime en moi.
- L’autre vous est donné sans le mode d’emploi qui va avec. Il nous revient de le découvrir. Qu’est ce qui est important pour l’autre : que l’on prenne du temps ? que l’on fasse les choses selon les règles ? La poussière qui traîne ? Respecter ce mode d’emploi.
- Pour tisser de bonnes relations, il est bon de ne pas seulement être ensemble, il faut faire des choses ensemble. C’est à trouver selon les goûts et les possibilités. Ne serait-ce que faire la cuisine ensemble, ranger l’appartement et jeter tout ce qui s’est furtivement accumulé d’inutile, d’usé, de sale. Le repeindre, aménager mieux, même jouer aux cartes ou regarder un film ensemble…
Pour le reste, c’est à la grâce de Dieu, on fait ce que l’on peut, on essaye, on cherche, on tâtonne… pour le reste nous pouvons compter sur Dieu pour qu’il fasse sa part !
Si vous trouvez des idées, trouvez des moyens pour avancer pas à pas vers du mieux, merci de nous en faire profiter ! (dans les commentaires ci-dessous ⇊ )
Dieu vous bénit et vous accompagne
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Je le livre comme je le vis, chez nous comme ailleurs les écrans sont présents. Nous n’avons jamais accepté les téléphones a table, mais en outre depuis le confinement, nous éteignons aussi la télé en sorte d’être ensemble et présent a l’autre au moins pendant les repas. Et je reconnais que depuis il y a beaucoup moins de tension (nous sommes deux adultes et 2 ados)
8. Prier
Prier soi-même (3.) pour être dans une bonne forme spirituelle. Super d’accord.
J’hésite à recommander aux couples de prier ensemble, ne n’est pas un exercice toujours facile, ni souhaitable. Ou alors, tous les deux priant ensemble, mais intérieurement ?
« Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne,
où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux,
tu m’as pris par la main comme un amant heureux » (Ferrat qui chante Aragon).
Plus sérieusement, c’est ce que j’ai entendu, en plus grave bien sûr et plus angoissant, de couples en retraite qui n’avaient plus le dérivatif du boulot ni des gosses et se retrouvaient face à quelqu’un d’étranger.
Un couple se travaille, plus ou moins bien évidemment…
Nous ne sommes pas un modèle du genre, mais avons la chance (médecin et psychologue) d’être bien occupés en ce moment. Mais outre la récupération aléatoire des drive certains soirs, les week-end sans courses ni sorties sont hautement propices aux engueulades et sortie des vieux dossiers. Faire selon ses goûts, retrouver pourquoi nous avons choisi de faire ce bout de chemin ensemble. Chacun son truc. Nous c’est travailler sur des projets, écrire, penser aux proches (ceux qui en ont besoin, parce que ces temps révèlent aussi tout ce qu’on aimerait oublier chez certains…). Lire, et lire à haute voix à deux : si on aime ça, c’est extraordinaire. On a relu dimanche l’Évangile de Jean avec délectation, mais on lit aussi de l’Agatha Christie, et on a incroyablement rit en lisant le passage des commices agricoles dans Emma Bovary. C’est le moment de retrouver pourquoi vous êtes ensemble, et il y a sûrement beaucoup de raisons… Courage à tout le monde !