
La non-violence du Christ n’est-elle pas un frein à notre engagement politique, si urgent et essentiel aujourd’hui ?

Question tout à fait fondamentale, à mon avis. Et qui mérite une profonde réflexion, dans la prière continue.
Question posée :
Bonjour mon père,
J’ai une question qui me poursuit depuis des années déjà, et qui prend d’autant plus d’ampleur en ces temps de politique troublé dans mon beau pays.
Je connais le pacifisme assuré du Christ, sa non-violence : vouloir le bien de ses ennemis plutôt que leur mal, vouloir leur salut plutôt que leur destruction. Mais ses doctrines semblent entrer en contradiction avec le monde moderne : que faire des doctrines résolument non-violente dans un monde violent, exploitant voire esclavagiste, dominé par des états globalement corrompus, ne souhaitant plus le bien commun, qui laisse la voie libre aux entreprises privées pour s’enrichir par tous les moyens ? Dans un monde dominé par les ultra-riches, la bourgeoisie industrielle, qui ne peut plus, ou alors que peu, être freinée par les moyens politiques habituels, le peuple doit-il se laisser faire, « tendre l’autre joue » comme le caricaturent certain, simplement prier pour que les pétro-monarches soient sauvés ? Car il me semble évident qu’espérer que les élites industrielles et politiques gouvernant le monde n’attendent pas nos prières et nos sermons pour faire leurs affaires et tout le mal qui va avec, et que les actions dites non-violentes ne marchent, de facto, nullement en notre faveur.
En bref, ma foi rencontre, pour la première fois depuis mon adhésion pleine et entière aux principes des Évangiles, un véritable obstacle à ma pensée politique, résolument de gauche : je crois en le droit des peuples à disposer d’eux-même, en la démocratie comme moyen le plus vertueux de gouvernement, à la collectivisation des moyens de production. Mais dans le monde que je vois, à travers ma fenêtre et à travers mon écran d’ordinateur, c’est un monde qui a besoin d’une révolution contre ceux qui le détruisent. Mais une révolution, cela se fait dans le sang, et même, souvent, beaucoup de sang. La contre-révolution et l’ingérence étrangère sont, historiquement, des obstacles majeurs de tout pays qui tentent la voie socialiste.
Comment concilier la révolution politique et l’Évangile ? Ce passage de l’Épître aux Romains, encourageant à se soumettre à l’état, doit-il être considéré aujourd’hui avec autant d’intérêt que dans l’antiquité ? Doit-on se laisser faire, au nom de la non-violence ? Faut-il tenter de vivre en petite communauté, coupé du reste du monde, comme le faisaient les premiers chrétiens, tout en laissant le reste du monde périr dans son aliénation ? Ou faut-il soutenir une éventuelle révolution, qu’importe le coût ? Faut-il, comme le disait Victor Hugo dans Les Misérables, que l’eschatologie révolutionnaire supplante l’eschatologie apocalyptique ?
Ou, définitivement, est-ce simplement inconciliable ? Avec le risque que le christianisme devienne, en nos temps politiquement troublé, une religion simplement inutile, mollement conservatrice au nom d’une non-violence qui n’a plus lieu d’être ?
Ces questions me semblent prioritaire, et je n’entends aucun discours officiel du Vatican y répondant (peut-être suis-je simplement mal renseigné). Qu’en pensez-vous ?
Bien à vous.
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Cette question est tout à fait essentielle et passionnante. Et délicate aussi, car effectivement, Jésus n’a précisément pas eu d’action politique, comme on peut le voir dans l’opération Rameaux : accompagné d’une foule enthousiaste il ne va pourtant pas lutter contr el’occupant Romain ou vers le bureau des autorités (Sanhédrin), mais il a un geste remettant la prière au centre pour tous.
Cependant, je suis d’accord avec vous sur l’importance de nos engagements politiques en tant que chrétien. Et même d’être acteur d’une certaine révolution, ou acteur d’une révolution d’une certaine façon.
Désolé, il va me falloir développer toute une thèse pour réfléchir sur cette question qui me tient vraiment à cœur. Et votre enthousiasme m’y encourage aussi.
Pourquoi le Christ a-t-il eu si peu d’engagement politique ? Je pense que la vocation du Christ était particulière : elle consistait à réconcilier le monde, l’humanité, ou plutôt chaque personne individuelle avec son Dieu qui est le Dieu de tous. Cette mission particulière l’obligeait. Même s’il ne peut s’empêcher de faire preuve de compassion physique pour son prochain avec ses soins, ainsi qu’à la solidarité avec les personnes démunies (puisqu’il avait mis en service une cagnotte), il tient à garder ces actions comme discrètes, comme annexe et cherche à dissuader d’en faire la publicité.
C’est ainsi que ses disciples s’étonnent, déçus, du peu d’action du Christ pour changer le cours du monde, c’est le thème de l’Ascension du Christ : « les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël? » Ce à quoi Jésus répond : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1:6-8). C’est-à-dire que Jésus nous dit que, par la puissance de l’Esprit Saint, c’est à nous de changer le monde. Nous voyons que l’Esprit est donné individuellement à chaque personne dans le récit de Pentecôte. L’Esprit c’est une dynamique de création, intervenant à la surface du chaos pour une mise en lumière, d’abord, pui dans une action créatrice complexe et progressive afin de rendre la vie possible et bonne (voir Genèse 1). Il me semble que cette trajectoire replace la mission du Christ comme faisant de nous des prophètes (ayant un regard éclairé sur la réalité, un regard s’élevant au dessus de ce que l’on a toujours pensé), mais aussi une action concrète, créatrice, changeant le cours des choses. Le Christ n’a pas tellement agi au premier degré comme acteur politique, il a agi en cherchant à faire de chaque personne une personne éclairée et engagée politiquement.
C’est ce que l’on voit dans son enseignement sur la prière. Il dit en substance à ceux qui demandent à Dieu des actions concrètes en faveur de ceux qui souffrent (dans leur santé, leurs conditions matérielles de vie) que Dieu, effectivement sait très bien, évidemment, que nous avons besoin de cela mais que ce que nous pouvons plutôt chercher et demander : c’est « le Royaume de Dieu et sa justice » (Matthieu 6:33), c’est à dire que Dieu agisse en nous-même, qu’il nous aide à devenir nous-même une personne juste, c’est à dire éclairée, forte, active, créatrice, aimante, agissante. Et qu’alors tout le reste viendra. Donc, oui, je pense profondément que le chrétien a pour mission, pour responsabilité de discerner sa propre vocation comme acteur d’un changement positif dans le monde. Donc oui, notre champ d’action c’est le monde entier, dans le principe, même si individuellement notre vocation se limite nécessairement à une vocation limitée compte tenu de nos forces et moyens. Comptons sur Dieu, espérons en Dieu pour qu’il puisse coordonner l’ensemble des membres que nous sommes, afin que les actions les plus prioritaires puissent avancer partout.
Dans son programme déroulé en ouverture du « sermon sur la montagne », Jésus propose une sorte de poème composé de 8 promesses de bonheur pour les humains (Mt 5:1-12), il nous encourage à avancer et à être « en relation » (ce sont des sens alternatifs du mot traduit ici par « heureux »), il nous encourage à noter que nous avons, tous, reçu cette part d’Esprit Saint qui fait de nous des prophètes et des personnes créatrice d’un monde plus beau.Et il nous encourage à avoir faim et soif de justice. C’est tout un programme, c’est une vision de l’humain tel que Dieu nous espère.
Je ne suis pas si certain que cela que le Christ soit si pacifiste qu’on le dit. C’est vrai qu’il prône l’amour des ennemis, de faire du bien à ceux qui nous persécutent et font du mal, quand il dit de ne pas résister au méchant… que dit-il en réalité ? Je ne pense vraiment pas que cela nous invite à la passivité, à rester « zen » face à l’injustice qui frappe souvent particulièrement les plus démunis et fragiles. C’est une invitation à ne pas confondre la personne et ce qu’elle fait. Cela nous encourage à aimer la personne (quand bien même elle fait du mal), et à haïr le mal et l’injustice. Cette faim et soif de justice à laquelle nous invite le Christ n’est pas une haine contre ceux qui commettent l’injustice pour que nous allions les punir et les trucider, mais que nous cherchions à nous engager nous, que nous ne ménagions pas notre peine afin de promouvoir la justice. Et cela passe en particulier par l’attention à ceux qui commettent l’injustice afin de leur faire du bien, c’est à dire d’essayer de faire qu’ils soient meilleurs, et pour cela de les soigner, de travailler avec ces personnes alors même que nous nous indignons de l’injustice commise. C’est ce que signifie l’amour des ennemis. Et cela me semble essentiel.
Je ne pense donc pas que ce monde est un « monde qui a besoin d’une révolution contre ceux qui le détruisent ». Car cela ajouterait à la destruction commise par certaines personnes les destructions commises par ceux qui se prétendraient des chevaliers blancs de la justice. Et cela ajouterait encore à la violence et à la destruction, les personnes ayant à cœur plus de justice auraient alors été contaminées par la logique de destruction de ceux qui gênent. Cela me semble être d’une nocivité puissante, redoutable. Comme le dit très bien jésus « un royaume divisé contre lui-même n’a aucune chance de subsister » (Mt 12:25). La solution que propose le Christ me semble particulièrement prometteuse: oui, avoir à cœur la justice et dénoncer l’injustice, oui agir pour plus de justice en ce monde, seulement ce combat pour la justice se fait précisément différemment de ceux qui commettent les injustices. Ce combat passe par l’action positive, passe par le respect de la personne (même quand ses actes ne sont pas respectables), cette action pour la justice est un travail sur les racines en espérant des fruits, il passe par le cœur de la personne en espérant des actes meilleurs. Telle est la révolution profonde : elle va de l’intérieur vers l’extérieur, alors que l’action matérialiste travaille de l’extérieur en espérant régler les problèmes : cela ne marche pas : on ne fait pas pousser l’herbe plu vite en tirant dessus mais en l’arrosant et mettant du bon lisier dessus, on ne fait pas des fruits en tirant de force sur les tiges et les premiers bourgeons, mais par le soin de l’arbre et la patience.
Ce passage de Romains 13 où Paul encourage à être soumis aux autorités est épouvantable quand il est lu comme étant un système absolu. (voir cette discussion https://jecherchedieu.ch/question/a-propos-de-romains-13-soyez-soumis-aux-autorites-j-avoue-ne-pas-trop-savoir-quoi-en-faire/). Comme souvent, la lecture à la lettre tue, c’est l’Esprit qui fait vivre. Mais nous ne sommes pas pauliniens, nosu sommes chrétiens et la Bible n’est pas pour nous un code de lois auxquelles nous serions soumis. C’est un réservoir de questions à nous poser, dans l’observation de la réalité des circonstances particulières présentes, dans la réflexion, dans la discussion et dans la prière. Et cette question du rapport aux autorités est une vraie question, qui se pose en tout temps, en tout lieu, à tout chrétien. Comme le dit Paul ailleurs (et je préfère cela) : « tout est permis, tout n’est pas utile, tout m’est permis mais tout ne construit pas » (1 Corinthiens 6:12 et 10:23). Personnellement, je comprends un grand théologien et croyant comme Bonhoeffer d’avoir comploté contre Hitler. Je ne suis pas certain que cela a été en quoi que ce soit constructif en l’occurrence, mais dans le principe, pourquoi pas. Par contre, je pense que des actions illégales dans un pays comme la Suisse posent vraiment questions. Car dans notre pays, le citoyen a les moyens de changer la loi. Aller contre la loi est porter atteinte profondément à ce contrat qui fait de la société un corps. Certes, la démocratie est profondément décevante, si lente, si modérée, peu efficace. Mais je ne vois pas de meilleur moyen, ou de moins mauvais (si l’on veut). Effectivement, la vision chrétienne de la société est plutôt celle d’un corps où chaque membre a sa place, dans sa diversité. Cela passe par une action en profondeur de l’Esprit de Dieu, et de là, dans le souci de l’autre. Si l’on se met à délibérément ridiculiser le respect de la loi construite ensemble,chaque membre ayant eu son mot à dire et pouvant proposer de la réviser en se mettant d’accord pour cela avec quelques autres personnes, c’est ce corps que l’on délite, c’est précisément voter pour la loi du plus fort : légitimant chacun de faire ce qui lui semble juste à lui, au pied de son clocher personnel, sans tenir comptes du corps. Cela participe à décourager la population à voter. C’est vraiment triste quand on voit qu’il y a tellement d’abstention. Cela montre à mon avis un profond individualisme, de masse. Cela me semble précisément faire le lit de tus les individualistes cherchant à profiter sans se soucier de nuire aux autres et aux générations futures.
Je suis d’accord sur votre constat qu’il y a urgence à s’engager politiquement et à agir concrètement.
Et que cela a tout à voir avec l’Evangile, que c’est nourri par l’Evangile et par notre foi personnelle inspirée.
Comment ? De quelle façon concrète ? cela appartient à chacun de discerner par l’Esprit, quelle est sa vocation personnelle.
Seulement, il me semble que la révolution à faire, comme chrétien :
- Cela passe par le spirituel, passe en priorité de l’intérieur de l’humain vers l’extérieur : passe par une conversion de l’intérieur, passe par l’individu, l’encourageant au souci de l’autre, à la soif de justice, à faire corps ensemble.
- Cela passe par le respect de chacun, l’émancipation de chacun. Dénoncer l’injustice sans injurier personne. Au contraire s’intéresser au développement moral et spirituel de chaque personne : chercher à développer sa conscience, sa réflexion. Car Jésus cherchait à faire réfléchir les gens avec ses paraboles complexes. La Réforme a cherché à apprendre à lire même au plus modestes personnes, lui faisant sentir qu’elle est digne de réfléchir et de se faire sa propre opinion. C’est là une piste essentielle pour notre action politique en tant que chrétien : faire sentir à toute personne qu’elle est digne de réfléchir et de chercher le bien.
- Participer, dans la société, à chercher haut et fort la justice, et pour cela : enrichir et nuancer au lieux de caricaturer les positions, encourager à se questionner, à mettre en lien, à discuter, à faire preuve de compréhension d’une diversité de points de vue (ce qui ne vaut pas dire accepter tous les points de vue). Cela suppose pour nous de renoncer à la simplification, à la sacralisation des idées, au moralisme : car en cherchant à « dresser » les autres en leur disant ce qu’ils devraient penser, on attaque la propre capacité de la personne à regarder, à réfléchir, à écouter et à nuancer, à se sentir digne d’avoir son propre point de vue.
- Cela passe enfin par des actions positives de justice et de solidarité. Par des petits gestes, par un engagement politique, et aussi une certaine façon de faire de la politique
Le chrétien est ainsi, je le pense, à être d’une certaine façon préoccupé par les affaires du monde et acteur dans notre société.
Quant à l’église, je pense que son rôle n’est pas là du tout : il est d’appeler tous les humains à se réconcilier avec Dieu, avec leur Dieu. C’est un rôle absolument essentiel. Aider ensuite les personnes qui le désirent à creuser la question de Dieu, apprendre à réfléchir par soi-même, à prier par soi-même, à discerner sa propre vocation. C’est un travail fondamental, immense, urgent. Mais hélas, quand l’église commence à se mêler de politique, de l’économie ou de la morale : l’église est souvent à côté de la plaque, et en plus, par cette action elle divise et chasse les personnes qui auraient bien besoin, précisément, de bénéficier d’une action spirituelle.
Que Dieu nous soit en aide à tous. Que des prophètes engagés se lèvent.
par : pasteur Marc Pernot
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Merci pour ces articles sur la question des rapports entre religion et politique.
J’ai récemment lu un article en anglais assez intéressant sur ce sujet. Malheureusement, je n’en ai pas les références et je ne suis pas sûr de bien l’avoir traduit et compris.
L’auteur évoquait le contexte historique dans lequel s’inscrit le Nouveau Testament et celui des premiers conciles qui ont défini le canon biblique. Il prenait un peu le contre-pied d’une vision « hippie socialisante » de Jésus parfois diffusée dans certains groupes en prenant les exemples de ses paroles sur ceux qui collectaient les impôts pour le compte des Romains et de son opposition aux marchands du Temple.
Pour lui, Jésus et les premiers chrétiens à sa suite évoluaient à une époque de tensions entre les Juifs et les Romains mais aussi entre les différents groupes juifs sur la conduite à tenir vis-à-vis des autorités romaines. Il soutient que Jésus serait un pharisien qu’il définit comme des prédicateurs ruraux opposés aux prêtres du Temple de Jérusalem.
Lors de l’épisode des marchands du Temple, Jésus aurait empêché les Juifs venus à Jérusalem du monde entier pour la Pâque de changer leurs monnaies pour pouvoir acheter le nécessaire aux dons et aux sacrifices qui faisaient vivre les prêtres du Temple et permettaient leurs actions sociales. Pour l’auteur, il est donc anachronique de lire ce passage comme un texte s’opposant au pouvoir des banques.
A l’inverse, Jésus se montre favorable à la collecte des impôts dus à Rome. Pour l’auteur, cela s’expliquerait par le fait que le canon du Nouveau Testament a été fixé à une époque où le christianisme s’était détaché du judaïsme puis avait été adopté par l’Empire romain. Il évoquait la place importante de Paul et ses propos favorables aux autorités établies et il reliait tout cela à la question des sources de l’antisémitisme, sans trop développer sur ce point.
Je trouve ce débat très intéressant mais j’ai peu de connaissances sur ces questions et j’ai aussi l’impression que la Bible est un texte si complexe qu’on peut lui faire dire le meilleur comme le pire (mais alors comment s’y retrouver ?). J’ai bien conscience qu’il y a une différence entre les pharisiens, les zélotes, les sadducéens, les grands prêtres, les premiers chrétiens… mais je n’ai qu’une vague idée (et encore) de ce que ces groupes recouvrent.
Que pensez-vous de ces questions et de la position de l’auteur ? Est-ce que vous pourriez m’aider à y voir plus clair dans ces débats, à cerner ce que recouvrent ces courants et à mieux comprendre ce que je lis ? Car si l’autorité vient de la Bible, j’ai parfois peur de m’y perdre !
Merci !
Bonjour
Et bravo pour ces réflexions, ces lectures, merci pour vos encouragements.
Ces arguments me semblent solides. En même temps chaque historien a ses théories en débat avec les autres historiens, chacun avançant ses hypothèses et ses arguments, sa façon de voir.
J’ai quand même pas mal de doute quant à l’hypothèse selon laquelle Jésus n’aurait rien fait contre les romains, leur armée, leurs impôts, leurs lois . Cette hypothèse que cela daterait des chrétiens rédacteurs des évangiles après 70. Il me semble plus vraisemblable que cette absence d’activisme politique de la part de Jésus a été la cause d’une grande déception de résistants juifs à l’occupation romaine (les zélotes), dont faisaient partie certains des disciples et apôtres de Jésus. Attente somme toute normale pour des personnes qu’il est le messie,car l’attente d’un messie politique était partagée par un grand nombre de personnes (pas par toutes, d’autres attendaient un Messie ayant un rôle différent, plus spirituel).
Effectivement, on peut faire dire bien des choses de la Bible, cela fait partie de sa richesse, elle est précisément faite pour faire réfléchir et susciter de multiples interprétations. Ce n’est pas un manuel, ce n’est pas une somme théologique détaillant un système, c’est un ferment pour nous aider à nous questionner, nous-même et notre monde, notre vie, notre foi, notre cheminement. Comme vous le dites, celui qui attend de la Bible une leçon univoque, absolue, sacrée et intemporelle : celui là sera déçu de la bible. Mais celui qui cherche à travailler sa foi et sa pensée en vue de vivre plus intensément, avec plus de profondeur et de hauteur de vue : celui-là criera à la bénédiction en travaillant sa Bible.
Il y a d’excellents ouvrages permettant de s’ouvrir à l’étude de ces courants de l’époque de Jésus. Par exemple Daniel Marguerat, Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie.
Dieu vous bénit et vous accompagne