03 novembre 2019

Van-Gogh - Semeur au coucher du soleil - Kröller-Müller Museum
Question

Je pense que nous avons une « responsabilité » vis à vis des musulmans, comment contribuer à la paix ?

Par : pasteur Marc Pernot

Van-Gogh - Semeur au coucher du soleil - Kröller-Müller Museum

Question posée :

Cher Monsieur

Cette question demeure difficile mais très importante. En effet, je pense que les musulmans sont nos « petits-frères » chronologiquement comme les juifs sont nos « grands-frères », et que nous avons une « responsabilité » sur l’influence que nous avons pu leur apporter, notamment sur ce que nous disons et/ou avons pu dire sur le Paradis, l’Au-delà. Nous revendiquons aussi Jésus fils de Dieu et contribuons peut-être à avoir une sorte de supériorité sur eux, supériorité qui peut quelquepart les humilier un peu. Je me sens le « devoir » aujourd’hui de creuser ce doute pour contribuer à ma toute petite part de paix dans le monde. Peut-être que je me trompe cependant. Cette question voire cette intuition revient facilement à mon esprit et à mon coeur.

Merci

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Madame

Bravo d’avoir à cœur de contribuer à la paix. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu. » a dit Jésus (Matthieu 5:9), et c’est vrai que c’est comme un métier d’art, entièrement fait à la main de faire la paix.

En ce qui concerne l’Islam, je pense que c’est surtout aux musulmans de faire un gros gros travail sur eux-mêmes et sur leur rapport avec leur propre religion. Comme nous avons à le faire aussi, et comme les juifs ont à le faire également. Dans ce domaine, personne ne peut faire ce travail à la place d’un autre. C’est comme une psychanalyse. Et dans ce travail, nous n’avons pas à attendre que l’autre s’excuse pour ses fautes. Cela n’a rien à voir. Par contre, je pense que vous avez raison de réfléchir aux fautes que nous aurions pu commettre et surtout à celles que nous commettons aujourd’hui afin de nous-même progresser.

En ce qui concerne la religion, je pense que ce que nous pouvons faire est, à notre échelle :

  1. De creuser, affiner notre propre foi, théologie, religion. Avec intelligence et cœur, en articulant prière et théologie/philosophie.
  2. D’accepter qu’une autre personne puisse avoir une autre religion que moi, ou n’en ait pas, ou ait une autre façon de vivre la même religion que moi. Cela n’empêche pas d’être certain que ma religion et ma façon de la vivre, de la penser soit la meilleure du monde… pour moi-même. Et donc que je parle de cette joie que cela me donne, mais comme on parlerait de sa passion pour le jazz ou pour la montagne, en comprenant que cela n’intéresse pas un autre. De même, il est bon, comme vous le faites de vous intéresser à connaître et respecter le meilleur de ce qui anime d’autres personnes.

Et de trouver de la joie dans tout vrai geste bâtissant la paix.

Ce qui ne veut pas dire non plus être aveugle. Toute opinion, toute façon de vivre sa foi n’est pas admirable. Il y en a qui sont épouvantables.
Ni de tout mélanger. La pluralité des religions, spiritualités et philosophies est une richesse, comme peut l’être les couleurs formant un tableau impressionniste. Mais si l’on mélangeait toutes les couleurs de ce tableau encore tout frais, nous aurions une toile recouverte d’un brun qui serait probablement peu intéressant. Il en est de même, à mon avis, en ce qui concerne la recherche intérieure de chacun. Le plus grand service que nous avons à rendre à la paix est d’approfondir, d’embellir encore notre propre cheminement, de valoriser ce qui nous semble admirable dans notre prochain, de tisser ainsi des liens.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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