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je m’interroge sur l’utilité de mes prières car mes enfants proclament haut et fort qu’ils ne croient pas en Dieu.
Question posée :
Bonjour Pasteur,
Je m’adresse à vous parce que dans cette période de turbulences vos réponses sont souvent réconfortantes.
J’avais une grand mère très croyante que j’entendais prier la nuit lorsque je dormais chez elle et qui m’emmenait régulièrement à la messe.
Depuis toute petite j’ai un besoin de prier chaque jour pour demander la protection de Dieu pour mes proches et moi même. C’est comme le besoin de dormir, manger, boire,…
Aujourd’hui je m’interroge sur l’utilité de ces prières car mes enfants et mes belles filles proclament haut et fort qu’ils ne croient pas en Dieu. Ils semblent bien le vivre mais chez moi si Dieu n’existe pas, cela provoque un vide abyssal. Pour eux, ce sont les faibles qui se raccrochent à des chimères.Qui a tort, qui a raison? Pourquoi je n’arrive pas à garder mes convictions ? J’ai l’impression que le malin s’invite dans mon esprit.
Votre réponse me serait d’un grand réconfort.
Bien à vous
Réponse d’un pasteur :
Bhère Madame
Il est un peu triste que vos enfants et belles filles soient ainsi intégristes. Athée, d’accord, c’est une option honorable, mais intégriste c’est regrettable, car ce n’est vraiment pas une bonne façon d’être. Cela consiste à penser a priori que sa propre façon de voir est bonne et que les autres sont nulles. Encore pire : ce n’est pas une bonne façon d’être en relation avec les autres de d’exprimer un mépris contre leur façon de placer leur vie et leur espérance. C’est une agression.
Je ne sais pas s’ils se considèrent eux-mêmes comme forts ? C’est pour cela qu’ils attaquent les autres, et même la foi de leur mère ? J’ai plutôt l’impression que cela manifeste une faiblesse de leur réflexion et de leurs sentiments. Mais ont-ils seulement une recherche d’élévation de la pensée, d’approfondissement de leur façon d’être ? Quels exercices de philosophie, d’espace de débats, quelle introspection font-ils ? C’est peut-être cela, leur problème.
En tout cas, vous n’avez pas de raison de vous laisser impressionner par l’intolérance et les attaques des autres. Vous pouvez leur répondre que chacun sa façon de voir et que ce n’est pas bon de se moquer de la foi ou de la pensée des autres. Surtout en famille, chacun a ses propres inspirations sur la vie, chacun sa position politique.
L’aide de Dieu n’est pas comme s’il nous portait chance, bien sûr qu’il peut nous arriver des catastrophes même en priant Dieu avec ardeur. Ce qui est certain c’est que prier Dieu nous aide immensément dans les bons comme dans les mauvais jours, la foi nous fait avancer dans notre lucidité, notre force, notre capacité à aimer, notre élévation de pensée et de sentiments, dans notre façon d’espérer. Nous sommes des milliards de chrétiens qui sentent un grand enrichissement dans leur être par la foi, vous n’êtes pas seule. Si d’autres personnes travaillent à l’élévation de leur pensée et de leur façon d’être en relation avec les autres par d’autres chemins, c’est au bénéfice de tout le monde.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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J’aimerais juste comprendre pourquoi je n’arrive pas à croire.
Mes enfants non plus ne croient pas ou ne croient plus. Je ne fais pas de prosélytisme mais ils savent bien que je prie. A la limite cela ne les regarde pas et, de mon côté, je respecte leurs choix. Ce sont des hommes ( 62, 58, 55 ans) généreux, ouverts aux autres, rayonnants dans leurs activités professionnelles et personnelles. Je me dis que Dieu est présent. Un jour ils le sauront.
Madame,
Avant toute chose, je voudrais exprimer ma stupéfaction de ce que le pasteur voient en vos enfants et beaux-enfants des « intégristes », agressifs… Il aurait tout aussi bien pu vous voir comme une intégriste n’acceptant pas leur choix et voulant à tout prix qu’ils se convertissent… Ce qui ne me semble en rien être le cas non plus. Rien dans vos propos ne peut laisser entrevoir telle ou telle autre des deux interprétations.
De mon avis, vous avez une bonne et saine intuition : que le malin s’invite dans votre esprit me semble être plus qu’une impression. Il met à l’épreuve votre foi, et il vous prend par les sentiments, profonds, et le lien affectif, que vous avez avec vos enfants : tout ceci est plus que normal, je dirais… C’est justement le moment de vous accrocher à votre foi, à votre espérance, au travers des promesses du Seigneur Jésus qui, au travers des bouches de Paul est Silas vous dit, comme à chacun : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. » (Ac. 16, 31).
Accrochez-vous à sa parole et à ses promesses, car notre Dieu n’est pas un Dieu menteur et fourbe, qui offrirait des cailloux à ceux qui lui demandent du pain. Vous lui demandez ce qu’Il désire : que vos enfants soient sauvés (1 Tim. 2, 4 ; Ez. 18, 23). Croyez qu’il le fera, même si vous ne le voyez pas. C’est cela la confiance. Croyez vous sincèrement que Dieu vous sauvera en vous séparant de ceux que vous aimez et qui vous aime ? Croyez-vous Dieu si injuste, dur et sec ? Non, bien sûr ! Notre Dieu est un Dieu d’amour et c’est ensemble que nous sommes sauvés, sinon quel intérêt de l’être ? La foi n’est que l’assurance des choses qu’on espère, pas de celles qu’on constate et qu’on voit. Et son seul roc est Jésus-Christ le Juste : « Seul est Saint, seul est Seigneur, Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père ». Le Père aime tous ses enfants, et il vous aime au moins autant que vous aimez vos enfants : il prend donc soin de vous tous, soyez-en sûre ! Continuez à les porter dans votre prière instante, celle d’une mère.
Il existe des « athées » comme André Comte-Sponville, et bien d’autres, qui ne sont pas injurieux contre les croyants, ils sont athées non pas au sens d’anti-croyants mais simplement comme pensant le monde et la vie humaine sans l’hypothèse du divin. C’est ce que j’honore ici en début d’article, me contentant de dire que c’est l’intolérance et l’injure de l’autre qui est dommageable.
D’accord, on peut dénoncer des pensées nocives, mais il faut, me semble t-il, être assez acharné pour aller injurier la foi de sa mère, de sa propre mère, qui prie Dieu avec bon cœur. Par ailleurs, il semble y avoir de vraies relations entre cette dame et ses enfants et beaux-enfants, que le problème est focalisé sur la question de sa foi, de sa prière. Qu’ils attaquent comme une chimère pour les faibles. Est-ce exagéré de considérer que c’est une forme d’athéisme intégriste ? Au point de faire vaciller la foi de leur mère et belle-mère.
Effectivement, elle n’est absolument pas anti-athées, elle, et je ne vos pas pourquoi on pourrait lui reprocher d’être un croyante intégriste. Elle prie et dit qu’elle prie, ce n’est en rien de l’abus, elle témoigne simplement de ce qu’elle vit. Elle laisse même ses enfants professer leur athéisme, c’est bien. Par contre, il me semble qu’un famille il est bon de refuser fermement des injures à la façon d’être de l’autre. C’est tout à fait nocif.
Par contre, j’essaye d’espérer que ces enfants travaillent leur source de réflexion et d’inspiration d’une belle façon. J’ai bon espoir qu’alors ils verront la complexité et la richesse de ce qui fait vivre et espérer l’humain. C’est pourquoi je ne charge pas le fait qu’ils soient athées, au contraire. Mais dans leur façon d’être athée. Qu’aurait-on dit de croyants qui qualifieraient négativement ceux qui ne sont pas de leur chapelle parce qu’ils n’en font pas partie ? C’est exactement la même attitude.
Pour le reste, je trouve que la suite de votre commentaire est intéressante et complète bien ce que j’ai proposé.
Dieu vous bénit et vous accompagne
J’ai vécu toute ma vie au milieu d’athées et d’agnostiques. Et aussi loin que je remonte dans mon histoire personnelle, je nous vois échanger, nous écouter, sans complaisance mais sans animosité non plus. A tel point que je rends grâce pour ces échanges qui m’ont amené à approfondir la foi tout en la laissant interroger. Ces échanges m’ont aidé à aller à l’essentiel en reformulant sans cesse mon acte de foi. Car dans le dialogue avec les athées, on se rend compte que Dieu ne peut être enfermé dans la contingence de nos formules. Le dogme comme un chemin, une interrogation ouverte… Jamais comme une prison dans laquelle on enfermerait Dieu.
Ma foi s’est structurée au contact des athées. A tel point que je me demande s’ils ne sont pas parfois animés par l’Esprit pour nous stimuler à l’annonce de l’Évangile.
Pour moi prier c’est demander une aide pour trouver le bon chemin …..
Excellent. Prier c’est alors écouter.