Comment renouer avec Jésus alors que tout va mal ?

Question posée :

Bonsoir Monsieur le Pasteur. Je viens vers vous avec mes 51 ans, et je me tiens là, au bord de moi-même, avec la sensation que tout vacille à l’intérieur comme à l’extérieur. En moi, c’est la confusion : bipolarité qui me secoue comme une tempête de mer (avec des médicaments en rupture de stock et donc des changements de traitement sans réel équivalent), une homosexualité combattue, tue, non vécue et qui me trouble toujours (pornographie, solitude), un rapport à la nourriture compulsif qui me défigure. J’aimerais être apaisé, libre, stable… mais ce n’est pas le cas. Et parfois, je me demande si je saurai un jour vivre en paix avec ce que je suis. Autour de moi, ce n’est pas plus simple. Mon père perd la mémoire sans diagnostic clair, mais avec ce silence qui s’installe et qui fait peur. Ma sœur se débat dans un divorce difficile après 20 ans d’union, et je la sens sombrer. Tout cela me pèse. Je suis impuissant à vraiment les aider. Et je ne sais plus comment porter ce que je porte. Comment renouer avec Jésus lorsque tout vacille en moi – entre les fractures de mon esprit, les désirs que je n’ose pas nommer, les luttes de mon corps – et que, tout autour de moi, les êtres que j’aime sombrent eux aussi dans l’incertitude, la douleur, le désamour ? Où trouver Dieu quand l’amour se brise, que la mémoire s’efface, que les repères familiaux s’effondrent et que l’âme elle-même se dérobe ? Alors je viens parce que je suis à bout. Merci de votre réponse.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur,

Comme votre message est profondément touchant !

Quelle magnifique conscience de soi-même, quelle lucidité, quelle sensibilité, quelle intelligence et quelle foi !

Dans la qualité d’être, je ne vois vraiment pas ce qui vous manquerait. N’est-ce pas tellement important ? N’est-ce pas l’essentiel, un essentiel tellement difficile à atteindre ?

Bien entendu, mon vœu serait que toutes ces difficultés, elles aussi extraordinaires, puissent progressivement se résoudre et ouvrir vers un avenir vraiment beau et fécond. Évidemment, il ne suffit pas de vous le souhaiter. Mais la vie est souvent ainsi : quand nous sommes au fond du gouffre, nous avons l’impression qu’il n’y a point d’issue possible, qu’il n’y en aura jamais, que c’est impossible, et pourtant ! Je vous assure du contraire. J’ai la chance d’avoir rencontré des milliers de personnes au cours de mon ministère de pasteur, et je peux vous dire qu’aucune situation n’est en réalité sans espérance et qu’il existe des remontées spectaculaires.

Cela me fait penser à l’histoire de Jonas dans la Bible, au fond du fond du chaos (peu importe la raison), au fond même de ce monstre marin qui est l’archétype du chaos qui nous dévore tout vivant. Jonas qu’il est à la racine des montagnes, aussi profond qu’il soit, il demeure encore une trace d’élévation possible, c’est un début de prière, comme vous-même le faites dans votre magnifique message. Il va connaître une remontée, alors même qu’il a encore du chemin à faire ; il pourra même être source de vie pour bien des personnes.

À travers les fractures, à travers les tribulations terribles, les soucis pour vos proches quand tout se dérobe, vous sentez bien qu’en vous frémit votre âme, qu’en vous frémit un désir, qu’en vous frémit la vie et une espérance, même si vous n’y croyez plus. Je vous assure que, vraiment, vous pouvez avoir une espérance, mais encore que vous pouvez avoir de l’espoir dans bien des avancées pour votre vie et pour celle de vos proches.

51 ans est tout jeune, dans quelques années, vous serez encore tout jeune et vous aurez pu faire du chemin, des opportunités auront pu se présenter, et avec vos qualités, vous aurez pu en saisir plusieurs.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

Fraternellement,

par : pasteur Marc Pernot