La Théologie Apophatique selon Grégoire de Nazianze
Grégoire de Nazianze (aussi appelé Grégoire le Théologien), né en 329 en Cappadoce et mort en 390, est un des pères de la « théologie apophatique » (de apophèmi « nier ») : c’est une façon modeste de faire de la théologie, reconnaissant que Dieu sera toujours au delà de la compréhension et du langage des humains. Cela fait que parfois, le silence de l’adoration vaut mieux que les théories savantes sur l’être de Dieu, parfois il vaudrait mieux parler de Dieu en disant ce qu’il n’est pas (Dieu n’est pas mortel, n’est pas créé…).
Mystique et Limites de l’Affirmation
En même temps, Grégoire de Nazianze n’est pas agnostique (on ne peut rien savoir sur Dieu), il est un homme de prière, un mystique. Il tire de son expérience spirituelle des affirmations sur Dieu, mais en connaissant les limites de ce que nous affirmons.
Grégoire explique que l’on ne fait pas de la théologie comme on fait des mathématiques, s’approcher de Dieu est une ascension spirituelle, comme Moïse montant sur la montagne rencontre Dieu mais comme dans un nuage l’empêchant de le voir et de le saisir véritablement par l’intelligence.
« Ô Toi l’Au-delà de Tout » : Prière et Mystère
Grégoire est l’auteur de cette célèbre prière à Dieu qu’il appelle du nom de « Ô toi l’au-delà de tout » : on y retrouve le mystique (ce nom est une prière) et le théologien apophatique, tout en étant aussi cataphatique (théologie positive osant affirmer des choses sur Dieu).
Cela me touche beaucoup :
Ô Toi l’au-delà de tout,
comment t’appeler d’un autre nom ?Quelle hymne peut te chanter ?
aucun mot ne t’exprime.Quel esprit te saisir ?
nulle intelligence ne te conçoit.Seul, tu es ineffable ;
tout ce qui se dit est sorti de toi.Seul, tu es inconnaissable ;
tout ce qui se pense est sorti de toi.Tous les êtres te célèbrent,
ceux qui parlent et ceux qui sont muets.Tous les êtres te rendent hommage,
ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas.L’universel désir,
le gémissement de tous aspire vers toi.Tout ce qui existe te prie
et vers toi tout être qui sait lire ton univers
fait monter un hymne de silence.Tout ce qui demeure, demeure en toi seul.
Le mouvement de l’univers déferle en toi.De tous les êtres tu es la finalité,
tu es unique.
Tu es chacun et tu n’es aucun.
Tu n’es pas un être seul, tu n’es pas l’ensemble :
Tu as tous les noms,comment t’appellerai-je ?
Toi le seul qu’on ne peut nommer ;
quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui voilent le ciel lui-même ?Aie pitié, ô Toi, l’au-delà de tout ;
comment t’appeler d’un autre nom ?Grégoire de Nazianze (329-v.390)
Le Mystère Divin en Nous
Pour terminer, je vous laisse sur cette très courte prédication d’Angélus Silésius, qui me semble aussi rendre compte du fait que Dieu est d’un tout autre ordre que nous et que pourtant il n’est pas étranger à ce que nous sommes, qu’il est même en nous :
L’âme est un cristal
et la divinité sa lumière :
Le corps où tu vis est l’écrin de tous deux.Angelus Silesius Le Voyageur chérubinique (1675)
Méditation par : pasteur Marc Pernot

Merci pour votre méditation sur Grégoire de Naziane
Tseu a dit: »
Le Tao lui-même n’agit pas,
et pourtant tout se fait par lui.
Le grand Tao s’épand comme un flot.
Tous les êtres sont nés de lui
sans qu’il en soit l’auteur.
Il accomplit ses oeuvres mais ne se les approprie pas.
Le retour est le mouvement du Tao.
C’est par la faiblesse qu’il se manifeste.
Tous les êtres sont issus de l’Etre.
L’Etre est issu du non-être.