L’œuvre et l’héritage d’une spécialiste des premiers siècles du christianisme
À l’origine, elle était spécialiste des évangiles apocryphes et des Pères de l’Église, c’est-à-dire des écrits des premiers siècles du christianisme où la théologie était très libre puisque c’était avant que les grands conciles cherchent à unifier la doctrine au détriment de la liberté et de la richesse de la diversité.
Afin d’étudier ces textes, elle a entrepris des études de théologie à la faculté de Montpellier, ce qui a élargi son champ d’études à la philosophie et aux questions éthiques de son temps.
France Quéré : entre Évangile, réalité contemporaine et cheminement de la foi
Elle ne cesse de faire une lecture des Évangiles pleine de tendresse et de lucidité, cherchant toujours le lien avec la réalité de notre monde contemporain, avec la vie des hommes et les femmes pris dans la tension entre l’Evangile et nos vies concrètes.
Son travail théologique s’articule à la fois entre la recherche de la vérité et un questionnement permanent : laissant la place au doute, aux recherches, au cheminement. Il est possible qu’elle ait été influencée dans cette méthode par son mari qui était un professeur de physique de haut niveau, engagé lui-même dans l’Église catholique. Ensemble, ils ont travaillé au respect mutuel entre le protestantisme et le catholicisme, non pour une fusion mais pour une communion entre ces deux sensibilités.
Son travail éthique sur les questions comme la bioéthique, la condition féminine, le couple, le handicap, la fin de vie, la maladie. Toujours dans cette interface entre la théorie, l’idéal, et la vie concrète réelle des gens.
Deux textes de France Quéré pour notre méditation
« Dieu s’agrippe à moi » : la densité de la foi
Dieu s’agrippe à moi. La présence, la densité de Dieu, elle ne m’apporte ni certitude ni sérénité et m’aide même fort peu dans ce qui est pourtant de son ressort : la foi, l’espérance et la charité. Devant ma désinvolture, plusieurs, qui ne connaissent que la dévotion, me disent : “Vous n’avez pas la foi”. À leur idée. Mais je constate que je ne me débarrasse jamais de Dieu. Pris à rebours, éconduit, ridiculisé, Dieu s’agrippe à moi, avec des mains d’amoureux.
Prière : L’Esprit, le bien-aimé de Dieu pour tout homme
Béni sois-tu, Esprit,
De chuchoter à tout homme
Qu’il est le bien-aimé de Dieu.
Il y a ceux que tes feux dévorent,
Ceux que tu couves sous la cendre,
Ceux qui gémissent vers toi,
Comme des branches incendiées,
Ceux qui protègent entre leurs mains
Une modeste lueur,
Ceux qui se souviennent
De ton étincelle, jadis,
Et ceux qui l’ont oubliée ;
Ceux que tu éclaires
Et ceux qui s’enfument,
Ceux qui n’ont plus d’âtre,
Ceux qui ont le cœur en loques,
Et dans la tête un grand abîme.
Mais il n’en est pas un, ô Esprit,
À qui, au travers de la nuit,
Tu n’aies dit la Nouvelle,
Et ne sache son âme façonnée
Par ton amoureuse éternité.
France Quéré (1936-1995)

