En tant que chrétien je suis confronté à une interrogation concernant deux passages bibliques qui, à première vue, semblent se contredire.

Question posée :

Bonjour Pasteur, Comment vous allez ?? J’ai une question qui me taraude l’esprit :
En tant que chrétien, je suis confronté à une interrogation concernant deux passages bibliques qui, à première vue, semblent se contredire. Je suis convaincu que la Parole de Dieu est cohérente et que ces versets ont une explication harmonieuse.:
• Ézéchiel 18:20 : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. »
• Exode 20:5 : « Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent. »

Ma question est la suivante : Comment comprendre ces deux versets ensemble ? Comment concilier l’affirmation d’Ézéchiel selon laquelle chacun est responsable de ses propres péchés avec l’affirmation de l’Exode selon laquelle Dieu punit l’iniquité des pères sur leurs descendants ?

Réponse d’un pasteur :

Bonjour cher lecteur de la Bible,

Il est excellent de vous poser des questions, c’est comme cela que l’on avance. Et lire la Bible est une excellente source de bonnes questions.

La Parole de Dieu est cohérente

Oui, et il est bon de l’entendre. Car la Parole de Dieu s’entend et ne se lit pas. Elle s’entend dans la prière, elle s’entend dans l’interprétation des écritures quand l’Esprit Saint nous a aidés dans cette appropriation de ces textes. La Parole de Dieu est vivante, alors. Et non une lettre sur un papier. La Parole de Dieu a été faite chair en Christ. C’est ce que dit Jean au début de son évangile : il ne dit pas que la Parole de Dieu s’est faite livre. Car avec les mots de notre Bible, on peut tirer des paroles haineuses, et même des paroles qui jugent et qui tuent. Ce n’est alors pas la Parole de Dieu qui a tué, mais une interprétation humaine exploitant le texte.

Et la Bible est plurielle

Tout ça pour vous dire que oui, la Parole de Dieu est cohérente, car Dieu est Un. Mais la Bible, elle, est un recueil de témoignages puissants d’hommes et de femmes inspirés parlant de Dieu, selon leur expérience, qu’ils ont cherché à interpréter et dont ils veulent témoigner. Et entre ces centaines de témoins, oui, il y a des sensibilités diverses. Tous parlent du même Dieu, du même Jésus. Chacun avec sa sensibilité. C’est pourquoi Marc n’a pas retenu la même chose que Jean sur le même unique Jésus de Nazareth, que tous les deux reconnaissent comme étant le Christ, chacun pour des raisons qui leur sont propres. Cela ne me choque pas qu’il y ait ces différences de sensibilités, au contraire, cela montre la richesse de ce qu’apporte le Christ. De même pour les écrits de la Bible hébraïque (Ancien Testament), leurs auteurs témoignent tous du même Dieu ; évidemment, l’un insistera plus sur l’obéissance, un autre sur la prière et la louange, un autre sur la sagesse. Cette diversité est géniale :

• Selon là où nous en sommes aujourd’hui, nous aurons plus besoin de tel accent, et une autre fois de tel autre ; c’est par l’Esprit que cette parole tombera « juste » pour nous ce jour-là.
• La réalité est symphonique. Quand on écoute un concerto, il est normal que le piano et le violon ne jouent pas la même chose, il n’y a pourtant pas contradiction entre les deux, mais c’est l’ensemble des deux qu’il est bon d’entendre. C’est ainsi que pour nous amener à connaître, il est génial que nous ayons 4 témoignages dans leur diversité plutôt qu’un seul.

Mais venons-en à vos deux textes.

Ézéchiel 18:20 : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. »

• Dieu ne veut pas la mort de l’âme pécheresse. En tout cas pas selon Jésus. Dieu aime même ses ennemis, et il est comme un berger qui ne se lasse jamais d’aller chercher même la plus perdue des brebis perdues.
  À la lumière de l’Évangile, je pense donc que, dans ce verset d’Ézéchiel , il est plus question de régler les affaires internes du peuple. C’est proche de notre code civil. Dans une société, il parait assez sage qu’il en soit ainsi. Mais je ne le lirais pas comme une condamnation de Dieu.
• Cependant, il est vrai que les enfants souffrent de la faute des parents : hélas. On peut lire ce verset comme disant que ce n’est pas juste, nous appelant à venir au secours de ces pauvres enfants. Et parfois aussi en venant au secours de parents dont les enfants font un peu n’importe quoi. Et, bien entendu, en Christ, nous serons tentés de venir aussi pour le pécheur afin de lui apporter, autant que possible, un soin. Et lui dire qu’avec Dieu, toute personne est digne de progresser et que c’est toujours possible avec l’aide de Dieu.

Exode 20:5 : « Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent. »

• Il y a une faute de traduction assez classique dans cette phrase : « Je (Dieu) punis l’iniquité des pères sur les enfants » ; le verbe traduit par « punir » est le verbe hébreu « paqad », qui signifie « visiter ». Certains ont interprété que si Dieu rend visite aux enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants d’un homme qui fait n’importe quoi… ce serait pour les punir ?! Je ne suis pas d’accord. Les enfants sont victimes et Dieu se précipite donc auprès d’eux pour leur porter secours. C’est d’ailleurs ce que montrent bien des études cliniques en psychologie : les graves traumatismes se transmettent en famille sur 3 ou 4 générations, tant qu’il n’y a pas eu de vrais bons soins.
• Car Dieu est amour, c’est ce que dit un autre grand texte de l’Exode qui ressemble un petit peu, et où Dieu se présente comme : « L’Eternel‭, l’Eternel‭, Dieu‭ miséricordieux‭ et compatissant‭, lent‭ à la colère‭, riche‭ en bonté‭ et en fidélité‭,‭ qui conserve‭‭ son amour‭ jusqu’à mille‭ générations, qui pardonne‭‭ l’iniquité‭, la rébellion‭ et le péché‭, mais qui ne tient‭‭ point le coupable pour innocent‭‭, et qui VISITE l’iniquité‭ des pères‭ sur les enfants‭ et sur les enfants‭ des enfants jusqu’à la troisième‭ et à la quatrième‭ génération !‭ » (Exode 34-6-7) : Tous les mots du dictionnaire disant l’amour sont convoqués pour dire Dieu, c’et déjà l’Évangile qui est dit ici. Dieu garde son amour et son pardon sur DES milliers de générations : ça laisse de la marge, on cela dit l’infinie patience de Dieu, bien sûr. Ensuite, il est dit que Dieu ne tient pas le coupable pour innocent : ce n’est donc pas pour le punir, mais c’est pour le soigner (c’est ça, le pardon de Dieu : il continue à se soucier du pécheur, bien sûr, comme le médecin se préoccupe de la personne malade, et le tenir pour innocent serait l’abandonner à sa méchanceté). C’est encore l’Évangile que l’on voit apparaître ici. Et ensuite, Dieu visite les victimes collatérales de cette méchanceté : les enfants sur 3 ou 4 générations. C’est excellent.

Chacun de ces deux versets me semble donc bien inspirant. Mais il peut arriver que tel ou tel verset nous semble choquant, que l’on ne voit pas trop comment l’interpréter d’une façon qui soit cohérente avec l’amour de Dieu que Christ a manifesté, et alors, on peut simplement le passer, on trouvera peut-être une meilleure façon de le recevoir une autre fois… Au souffle de l’Esprit
Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot