un homme se tenant à une corde à noeuds au dessus d'une chute d'eau - Photo by Derek Owens on https://unsplash.com/fr/photos/homme-suspendu-a-une-corde-pres-des-chutes-deau-pendant-la-journee-HW5013eyvlU
Développement

On nous dit qu’il faut tout donner, renoncer à soi même, lâcher prise et laisser place à Jésus en nous ?

Par : pasteur Marc Pernot

 

Question posée :

Bonjour Cher Pasteur
Depuis bien longtemps tous les chrétiens ont appris qu’il faut suivre Jésus.
Mais quand on lit de quelle façon il faut faire , l on nous dit qu’il faut tout donner, renoncer à soi même.
Ce faisant on est obligé de mettre notre foi en Dieu , de persister à croire surtout quand les épreuves durent vraiment longtemps. Sans pour autant voir au quotidien que tout ça agit pour notre bien.
Dieu le Père a dit  » ne regardez pas mes dessins mais qui je suis  » , ceci pour nous dire qu il nous aime. Pour éviter que l on se mette à penser que Dieu nous punit.

Dieu le Père a dit aussi  » ce que je veux c est que vous croyez en mon fils « .
Alors faire confiance en son fils , c’est bien , Super bien. Mais faut il penser que du moment que l on lâche prise , c’est qu on laisse la place à Jésus pour qu il nous pénètre ?. Suivre Jésus, ça se présente pas comme quand quelqu’un nous appelle , parce qu on l entend, alors on le suit d autant plus qu on le voit et qu il est audible humainement.
J ai vu beaucoup de sites parlant de suivre Jésus, mais rien n’est expliqué dans des détails , en donnant des exemples particuliers. Si l on dit il faut suivre l inspiration de l’Esprit Saint, c’est juste . Mais on peut aussi penser que nos actions sont consécutives à une bonne réflexion personnelle.
Pourtant suivre Jésus , c’est sûr d être entraîné sur le bon chemin. Et donc il ne peut qu y avoir un excellent résultat, un avenir de bienfaisance.
J attache donc de l’importance à vouloir suivre Jésus, car c’est aussi une preuve d amour entre lui et moi.
Comment faire pour bien suivre Jésus et ainsi ne pas s égarer, ne pas perdre de temps.
Je connais des gens qui sont écrasés par les épreuves. Leur colère montrée, c’est extrêmement difficile de leur dire que Dieu est amour et surtout de les convaincre. J en connais malheureusement du fait du choc psychologique, ils n’ont pas accepté et pû remonter l épreuve en renaissant , en faisant confiance en une vie autrement. Et de fait malheureusement ils se tournent vers l alcool , drogue, violences, etc…
Car très souvent le chrétien passe par des épreuves et des grosses aussi. Donc c’est un nouveau chemin qui se dresse quand le rêve est brisé.
Merci beaucoup pour votre réponse.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Personnellement, je ne pense pas qu’il faille se vider de soi-même, ni perdre sa personnalité pour qu’elle soit remplacée par celle de Jésus.
Au contraire.
C’est une question de conversion, c’est à dire de recherche, d’orientation, de visée.

  • Si l’on vise soi-même, c’est une sorte d’implosion, de recroquevillement sur soi,
  • Au contraire, l’Evangile propose de viser la qualité de la relation avec l’extérieur, l’épanouissement de notre personnalité, la créativité en portant nos propres fruits selon notre propre rythme (comme le propose le Psaume 1er), nos propres paroles et non de répéter comme un perroquet les paroles d’un autre.

C’est en ce sens qu’il est bon de s’oublier soi-même, c’est uniquement comme visée. L’Evangile nous dit la merveille que nous sommes, Jésus nous appelle « lumière du monde » et il nous appelle à ce que notre lumière brille sur les autres alentour. Ce n’est pas refléter la lumière du Christ, mais par le Christ, nous apprenons que nous sommes une lumière unique et indispensable. Si nous nous sacrifiions, nous nous perdrions, et nous perdrions ce que nous avons à apporter au monde de spécifique. Mais si nous ne voulons briller que pour nous-même aussi. Il est donc question de nous développer, avec l’aide de Dieu, et de nous projeter vers les autres et le monde alentour.

Vous avez raison, la colère, la peur, le sentiment d’être indigne… tout cela est nocif pour ce chemin d’élévation. Comment faire ? A mon avis il est bon d’entendre et de ruminer le fait que nous sommes une personne merveilleuse. Pour cela, nous avons besoin de nous l’entendre dire par d’autres. Quand on est chahuté par les événements, cabossé par les trahisons et les coups durs, les rêves brisés (comme vous dites), c’est difficile. Certaines personnes n’ont pas eu tellement de personnes aimantes autour d’elles dans leur vie, voire personne. Il y a en tout cas une personne qui les prend en compte et les garde dans son estime, dans son espérance, c’est Dieu. Ce n’est pas rien car il est la source ultime de l’univers entier. Encore faut-il que la personne puissent recevoir, percevoir cette Parole essentielle qui espère les mettre sur pieds, se lever avec une juste conscience de leur dignité, de leur valeur. C’est une mission particulière du chrétien, je pense, que d’être chaque fois que besoin, l’ange qui va dire à la personne qu’elle compte pour nous, qu’elle compte pour le monde, qu’elle compte pour Dieu. Pour que cela soit entendu, encore faut-il que nous en soyons convaincu nous-même, et que nous ayons les mots et le geste qui manifeste cela réellement. Cela peut être de demander à la personne son avis, de lui demander un coup de main, de faire quelque chose avec elle (et pas seulement pour elle), cela peut être de lui signifier notre gratitude, une sincère félicitation pour quelque chose, une compassion sensible pour un choc que la personne a subi ?

Cela nous permet de penser à nous-même, de nous aimer nous même d’une bonne façon. Non pas de s’aimer soi-même pour se refermer sur soi, mais s’aimer soi-même pour rayonner, aimer et servir. C’est alors vivre la grâce de Dieu, sa bénédiction spéciale sur nous-même. J’ai en tête tant et tant de personnes pour qui la vie n’a pas été facile et qui rayonnait de cette qualité d’humanité, une humanité image de Dieu.

Je ne suis donc pas du tout persuadé par l’appel au « lâcher prise ». Pour risquer un jeu de mots, je pense que l’Evangile nous appelle au « lâcher crise », grâce à l’aide de dieu, ne pas nous laisser enfermer par ce qui ne va pas, recevoir une force et un élan nouveau justement pour ne pas lâcher prise, être ressuscité par Dieu.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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4 Commentaires

  1. Gérard dit :

    Bonjour Cher Pasteur
    Et merci pour votre réponse riche qui prône la recherche de l’évolution pour notre bien.
    Ce que je voulais dire quant au lâcher prise, c’est après avoir été éprouvé pour une grosse épreuve, alors que je m enfoncais, en limite de rentrer en dépression, j’ai été contraint d abandonner ma recherche à comprendre l origine de ce qui m arrivait. Les mauvaises pensées affluent quand on est fatigué. Alors Dieu m a aidé à remonter la pente. Des collègues de travail, des livres spirituels, m ont apporté de l’espérance de pouvoir s en sortir. Chez moi, pour éviter de rester inactif , et de trop penser, je me suis mis à bricoler en étant obligé de penser à ce que je faisais. Ça aussi ça occupe l esprit et ça a été un moyen de libérer mon esprit appesanti. Voilà ce que j appelle lâcher prise. Il y a des malheurs, de véritables drames , très difficiles à supporter. Focaliser dessus n amène à rien. Un proche ayant subi un drame s est complètement introverti , refusant de sortir de chez lui. La solitude l a amené à malheureusement se suicider.
    Quand je parle de renoncer à soi même, je veux dire ne pas insister plus que de mesure quand on voit que ça n apporte pas de solution. Mais on peut persister dans notre voie parfois et pour autant voir une évolution.
    Fraternellement.
    Gérard

    1. Marc Pernot dit :

      Merci pour ce partage !
      Un bel exemple de résurrection. C’est un peu cela que j’entends avec le « lâcher crise »

      1. Jessica dit :

        Bonjour Pasteur, je viens de lire la question et votre réponse mais je ne suis pas sûre de tout comprendre. Comme la question de Gerard, lorsque je lis pour suivre Jésus il faut tout laisser et renoncer a soi, cela me fait extrêmement peur et anxieuse. Pour contexte, je suis chrétienne et viens seulement de revenir a Jésus depuis peu après une très grande période difficile de ma vie. Je suis atteinte d’autisme, de TDAH et plusieures autres pathologies ainsi que de dépression chronique et d’anxiété généralisé. Après la période de ma vie la plus dure que j’ai pu vivre, je souhaitais renoncer a la vie et j’en ai même penser au suicide. Ma vie est très difficile et compliquée pour me débrouiller toute seule avec mes pathologies et mes maladies qui me font énormément souffrir au quotidien. Je ne suis pas totalement capable de me débrouiller seule malgré que j’essaie du mieux que je peu. Seulement, revenir vers Jésus, la foi, ma permit d’apaiser un peu mon coeur. J’ai envie d’apprendre a mieux connaître Jésus et de le suivre. Seulement voilà, ce que je ne comprends pas tout a fait c’est ce fait que l’on nous dise de tout lâcher et tout renoncer. Dans ma vie, j’ai des activitées qui m’aident et m’apporte du réconfort et un peu de joie. En revenant vers Christ, mon coeur me semble se combler, s’apaiser et me réconforter alors que je n’avais seulement mes activités pour me réconforter avant. Ce qui me fais peur et me rends très anxieuse c’est le fait que l’on doit tout abandonner. Est ce que cela veut il dire qu’il faut que j’abandonne toutes mes activités qui me réconforte pour pouvoir suivre Jésus? N’est il pas possible de le suivre, de nourris son âme de prières, de passer du temps avec lui sans pour autant devoir aussi abandonner mes activitées? Les jeux videos et les series de dessin animés japonais m’apporte du réconfort, je fais également une collection de peluches. Je sais bien qu’il ne faut pas s’attacher aux choses matérielles. Je souhaite m’améliorer. Je souhaitais simplement Jésus faire parti de ma vie et dans mon coeur. Mais tout abandonner? Dois je renoncer a tout? Je ne comprends pas ce que cela signifie. Ce qui me rends d’autant plus confuse car, notre cher Saint Carlos Accutis qui aimais tant Jésus et a prêcher sa parole, lui aussi jouait aux jeux vidéos, cela n’empêchait pas sa relation avec Jésus et notre seigneur? Biensur je ne compare pas a lui, je veux simplement dire, qu’il n’avait pas pour autant arrêter de jouer dans son temps libre. Une communion entre une relation avec Jésus et Dieu et ses passes temps n’est elle pas possible? Je me sens perdue et angoissé. Que dois je faire?

        1. Marc Pernot dit :

          Chère Jessica,
          Ce que j’essaye de dire, je pense, dans cet article, c’est qu’il n’est pas question que l’idéal soit de devenir une personne errante, sans possessions et sans abri.

          Quand vous dites « j’ai envie d’apprendre à mieux connaître Jésus et de le suivre », c’est exactement cela que signifie cette parole de Jésus. Car en faisant cela vous vous ouvrez à une autre source que vous-mêmes, et cela est très prometteur.

          Jésus s’intéresse à la dimension spirituelle de notre être. Il dit que c’est l’amour qui compte : aimer Dieu, aimer son prochain, et s’aimer soi-même. Pour lui c’est ça le but. La question n’est pas de savoir ce qu’on possède, mais que notre cœur soit tourné vers l’amour, animé par l’amour. Dans ce commandement d’aimer, il y a s’aimer soi-même : c’est ce que vous faites en sachant ce qui vous fait du bien à vous. Ensuite, c’est effectivement par l’amour que vous pourrez apporter des choses autour de vous. C’est cela, « renoncer à soi-même » : c’est, une fois en forme (aussi peu que ce soit), faire quelque chose de cette forme en regardant autour de soi. Mais avant cela, il importe de s’aimer soi-même en faisant ce qu’il faut pour être un peu plus en forme sans cesse. C’est valable pour tout le monde, même pour Jésus. Il prenait des temps pour se construire lui-même (et pour prendre ces temps-là, il renvoyait la foule, et même ses plus proches disciples afin de pouvoir s’occuper de lui-même) avant de revenir, ensuite, faire son service des autres.

          Il y a donc un temps pour prendre soin de soi-même, et un temps pour prendre soin de ceux qui nous entourent (en se détournant alors, pour un temps, du soin de soi-même). C’est comme une respiration. La personne qui voudrait sans cesse souffler, sans jamais prendre une respiration : cette personne-là tomberait vite dans les pommes, ce n’est pas ce que Dieu veut.

          Mais ne vous inquiétez surtout de rien : en Christ, sans condition, Dieu vous bénit et vous accompagne.

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