Augustin
Saint-Augustin : Intelligence, Foi et le Désir de Dieu
Pour cette quatrième fenêtre sur l’Avent, je vous propose de suivre Augustin d’Hippone, dit Saint-Augustin (354-430). Il était professeur de rhétorique (de littérature et de philosophie), avec un beau succès, avec une vie mondaine et amoureuse bien fournie. Par ses recherches aidées par Ambroise de Milan, puis par une expérience spirituelle, il va ouvrir son cœur à Dieu : une démarche associant intelligence et foi.
Il découvre que ce qu’il cherchait en courant partout dans le monde et dans les livres se trouvait au-dedans de lui : Dieu.
Mais déjà il cherchait Dieu.
Désirer Dieu : Le cri du Psaume 84
Comme l’auteur du Psaume 84 qui devait se trouver dans une profonde tristesse quand il dit :
Je languis à rendre l’âme.
après les parvis de l’Éternel.
Mon cœur et ma chair crient.
vers le Dieu vivant.
Psaume 83:3
Il souffre car il n’arrive pas à avoir ce qu’il désire ardemment, à atteindre le but qu’il espère.
Que désire-t-il ainsi ? La présence de Dieu. Il sent que Dieu est proche mais que, lui, reste à la porte comme sur le parvis du temple de Jérusalem.
Ce n’est pas seulement son âme qui désire être en relation à Dieu, c’est son cœur et sa chair.
- Notre cœur : c’est dans la Bible notre personnalité profonde, ce qui est activé quand nous mettons du cœur à l’ouvrage, ou quand nous désirons de tout cœur quelque chose.
- Notre chair : c’est notre existence en ce monde, qui a tant à bénéficier très concrètement de la présence de Dieu dans notre vie.
Saint Augustin sur la Soif de Dieu et l’Amour
Saint-Augustin médite sur notre soif de Dieu.
Dans un de ses sermons, saint Augustin parle de cette recherche, de cette attente de Dieu. Il remarque qu’il arrive que nous espérions ardemment avoir quelque chose, que nous y mettions toutes nos forces. Un jeune, par exemple, aimerait être médecin, il ne suffit pas de le désirer pour y arriver. Une famille aimerait avoir une belle maison mais le désirer ne suffit pas pour l’obtenir, bien sûr.
Saint Augustin dit ensuite que Dieu, lui, s’offre à nous par un chemin beaucoup plus court, plus simple. Dieu nous crie : Aimez-moi et vous me possédez, car vous ne pouvez m’aimer sans me posséder.
Il suffit d’aimer Dieu pour avoir Dieu, être avec lui, l’avoir en nous.
C’est ce que fait la prière de ce Psaume : aimer Dieu, lui demander sa présence.
Comment arriver à aimer Dieu ? Le rôle de l’Esprit-Saint
Saint Augustin, là encore, nous dit que c’est plus simple que nous le craignons, même si nous ne voyons pas Dieu :
Écoutez l’apôtre Paul, nous dit-il : « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. » Par qui ? Serait-ce par nous ? Non. Par qui donc ? « Par l’Esprit-Saint qui nous a été donné (Romains 5:5). Après un témoignage aussi digne de foi, aimons Dieu par Dieu ; oui, puisque le Saint-Esprit est Dieu, aimons Dieu par Dieu.
Que puis-je dire de plus ? Aimons Dieu par Dieu.
Mais entendez plus explicitement Jean lui-même. « Dieu est Amour ; et qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu, et Dieu en lui (1 Jean 4:16). » C’est peu de dire : L’Amour vient de Dieu. Qui de nous oserait faire cette autre assertion : « Dieu est Amour » ? Elle vient d’un homme qui connaissait ce qu’il possédait. Pourquoi donc l’imagination humaine, pourquoi l’esprit volage cherche-t-il à se représenter Dieu et se fabrique-t-il une idole dans son cœur ? Pourquoi se le figure-t-il comme son imagination se le peut former, et non comme il a mérité de le posséder ? Est-ce là Dieu ? Non, le voici. « Dieu est Amour. » De quelle couleur est l’Amour ? Quels traits ? Quelle figure ? Nous ne voyons rien de tout cela ; et cependant nous aimons.
Saint-Augustin, Sermon 34:2-5
Ce sont effectivement parfois l’idée que nous nous faisons de Dieu qui empêchent la personne athée ou agnostique de s’intéresser à Dieu. Ou c’est simplement l’oubli de Dieu pour ceux qui pensent qu’il y a « quelque chose » au-delà de tout. Il suffirait d’aimer Dieu, c’est-à-dire de penser à lui, même si nous ne savons rien de lui, et de prier simplement ce Dieu inconnu pour demander Dieu à Dieu.
Dieu nous donnera de l’aimer.
Témoignage d’Augustin : L’Amour dans les Confessions (Livre X)
Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle,
bien tard, je t’ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors,
et c’est là que je te cherchais,
et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruai !
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ;
Elles me retenaient loin de toi, ces choses.
qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !
Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
Tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
Tu as embaumé, j’ai respiré et, haletant, j’aspire à toi ;
J’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ;
Tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix.—————–
Ce que je sais, de toute la certitude de la conscience, Seigneur, c’est que je t’aime. Tu as touché mon cœur de ta parole, et à l’instant je t’aime. Le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ne me disent-ils pas aussi de toutes parts qu’il faut que je t’aime ? Et ils ne cessent de le dire aux hommes.
Qu’aimé-je donc en t’aimant ? Ce n’est pas la beauté selon la dimension, ni la gloire selon le temps, ni l’éclat de cette lumière amie à nos yeux, ni les douces mélodies du chant, ni la suave odeur des fleurs et des parfums, ni la manne, ni le miel, ni les délices de la volupté. Ce n’est pas là ce que j’aime en aimant mon Dieu, et pourtant j’aime une lumière, une mélodie, une odeur, un aliment, une volupté, en aimant mon Dieu ;
cette lumière, cette mélodie, cette odeur, cet aliment, cette volupté, suivant l’homme intérieur ; lumière, harmonie, senteur, saveur, amour de l’âme, qui défient les limites de l’étendue, et les mesures du temps, et le souffle des vents, et la dent de la faim, et le dégoût de la jouissance. Voilà ce que j’aime en aimant mon Dieu.Saint Augustin, « Confessions« , livre X
Méditation par : pasteur Marc Pernot
case précédente < calendrier de l’Avent > case suivante