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Témoignages

Semaine sainte 2020 – Vers la Lumière – Jour 4 : Mercredi

fresque dans l'église de Plantinet - Clarée : Judas et ses trente deniersSemaine Sainte (programme complet ici)
Mercredi
Sandrine Landeau, pasteure
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Prière

Seigneur que j’espère
Sera-ce longtemps
Ce cortège d’ombres
Et par instants brefs
Un rai de lumière ?
A l’heure où le soir
Fait place à la nuit
Écoute mon cri !
D’un signe amical
Veuille m’assurer
Que tu n’es pas loin !
Quand tout devient dur
Quand dans notre voix
Meurt le chant du ciel
Et toute splendeur
Ne nous soumets pas à trop rude épreuve !
(Pierre Etienne)

Esaïe 50,4-9

Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.

Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, Celui qui me justifie. Quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble ! Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ? Qu’il s’avance vers moi ! Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ; qui donc me condamnera ? Les voici tous qui s’usent comme un vêtement, la teigne les dévorera !

Matthieu 26,14-25

Alors l’un des Douze, qui s’appelait Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? » Ceux-ci lui fixèrent trente pièces d’argent. Dès lors il cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus : « Où veux-tu que nous te préparions la Pâque ? » Il dit : « Allez à la ville chez un tel et dites-lui : ‘Le Maître dit : Mon temps est proche, c’est chez toi que je célèbre la Pâque avec mes disciples.’ » Les disciples firent comme Jésus le leur avait prescrit et préparèrent la Pâque.

Le soir venu, il était à table avec les Douze. Pendant qu’ils mangeaient, il dit : « En vérité, je vous le déclare, l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent chacun à lui dire :

« Serait-ce moi Seigneur ? » En réponse, il dit : « Il a plongé la main avec moi dans le plat, celui qui va me livrer. Le fils de l’homme s’en va selon ce qui est écrit de lui ; mais malheureux l’homme par qui le fils de l’homme est livré ! Il aurait mieux valu pour lui qu’il ne fut pas né, cet homme-là ! » Judas, qui le livrait, prit la parole et dit : « Serait-ce moi, rabbi ? »

Il lui répond : « Tu l’as dit ! ».

(Traduction Œcuménique de la Bible)

Commentaire

Il y a une chose qui me gêne dans ce récit de la trahison de Judas : c’est cette lecture très fataliste qui laisse entendre qu’il fallait que Judas soit là et trahisse, que Jésus meure, que c’était prévu comme ça. Je crois que c’était dès le départ une possibilité, mais pas une fatali- té. Et jusqu’au bout ça ne l’est pas : c’est pour cela que Jésus reste auprès de Judas, partage avec lui la Cène (juste après cet épisode).

Judas est, comme nous tous, libre de recevoir ou non la parole de création et d’amour de Dieu nous offre, et il choisit de la rejeter. Au lieu de le griller sur place, Dieu le laisse faire, mais avec un avertissement par la bouche de Jésus pour lui dire que vraiment il n’est pas en train de choisir la vie, mais la mort. Judas persiste… mais finit par se repentir, ramener aux prêtres l’argent et se pendre, geste qui montre à quel point il s’est senti entraîné loin de la vie ! Jésus lui choisit librement de suivre le chemin de l’amour et de la vie, refuse de s’en détourner pour préserver son confort. Ce choix mène apparemment à une impasse puisque Jésus se retrouve crucifié. Et pourtant… il y a la résurrection : à partir de cette situation désespérée qu’il doit à la liberté laissée aux hommes, Dieu fait (re)naître une parole de vie et d’amour !

Je lis cette trahison comme une démonstration du respect infini de Dieu pour l’homme et de sa force de création et d’amour. Toujours nous avons la liberté de recevoir ou non l’Amour, Dieu ne nous force pas la main. Mais si on le refuse, si on le rejette, si on veut l’étouffer, le tuer, le faire taire parce qu’il nous dérange trop, Dieu recrée l’amour ailleurs, autrement, et trouve de nouvelles façons de nous tendre la main, encore et toujours, sans se lasser.

J’ose croire que Dieu a pleuré le choix de Judas et sa mort, mais qu’il a su trouver malgré tout la lumière à sauver et à aimer dans cet homme dont nous sommes parfois si proches – comme les disciples qui demandent tous « Serait-ce moi Seigneur ? »…

Chant

Alléluia N°48-07 « Mon Dieu, plus près de toi »
(voir éventuellement la partition ci-dessous)

Envoi

Le Dieu de l’amour et de la consolation, de la grâce et du pardon, te bénit et te garde.

Il est auprès de toi et si tu t’égares, il va te chercher.

Va sur les routes de la vie, tu n’est pas seul.

Amen.

+ Orgue


Chaconne de Vitali

 

Chant N°48-07 dans le recueil Alléluia

Paroles en anglais et allemand du chant n°48-07 - recueil Alléluia

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3 Commentaires

  1. Catherine dit :

    Mais alors, imaginons, si Judas avait entendu et reçu la parole d’amour de Dieu, par la bouche de Jésus, si Judas n’avait pas trahi, quelle aurait été l’Histoire ? Jésus n’aurait-il pas été arrêté, crucifié, ressuscité ? Qu’en est-il de ces mots qui jalonnent le nouveau testament de bout en bout, parfois dans la bouche même de Jésus  » Mais cela arrive pour que les Écritures s’accomplissent. » (Marc, 14:49) ? Si les Écritures doivent être accomplies, Judas (ou d’autres, jusqu’à Jésus) avait-il le choix ? Comment articuler la liberté de choix que Dieu nous laisse, qui pour moi est essentielle dans ma foi, avec cette notion de l’accomplissement nécessaire des Écritures, présentée comme fataliste, du coup…

    1. Marc Pernot dit :

      Il existe un passage où Jésus explique que le plan de Dieu n’était absolument pas que Jésus soit exécuté, mais qu’il soit respecté.
      Voir cet article : https://jecherchedieu.ch/theologie-2/le-projet-de-dieu-selon-jesus-ils-respecteront-mon-fils-matthieu-21/

      Effectivement, cela fait le contraire de l’idée que Dieu aurait eu besoin ou désiré que Jésus meurt dans ces conditions atroces (quelle drôle d’idée).

      Alors ? Comment comprendre ces deux idées différentes, contraires, présentes dans le même évangile ?

      C’est qu’effectivement la mort lamentable de Jésus sur la croix a été un choc terrible pour ceux qui pensaient que Jésus était le Christ. Car le Christ, pensaient-ils, devrait manifester le salut triomphant de Dieu. Et ce qui advient est cet échec lamentable. Cela a été la première impression, je pense, c’est ce que l’on voit par exemple en Luc 24. Seulement, ils ont rapidement compris (quelle que soit la façon dont on comprend ce que l’on appelle « résurrection ») que ces faits remettaient en cause une certaine conception du Christ, du Messie, ils ont saisi de quelle façon Jésus était réellement Christ. Et de cet échec de l’exécution ils ont tiré un extraordinaire témoignage d’amour du Christ pour nous , et donc de Dieu pour nous.

      Ensuite, en rédigeant les évangiles, 30 ans plus tard, les premières communautés ont donc bâti leur plan afin de mettre en valeur ce geste ultime, manifestant bien le sens ultime de l’Evangile.

      C’est donc d’autant plus touchant qu’ils aient intégré cette parabole de Jésus disant que le projet de Dieu était que le Fils soit respecté.

      Cela apporte un nouveau regard sur les écritures. C’est ainsi que l’on peut comprendre le « afin que les Ecritures s’accomplissent » => voyant le Christ nous avons le sens de ces Ecritures.

      Il n’y a donc pas ici de fatalisme. La réaction de la foule autour de Jésus aurait pu être différente. Par exemple lors de son procès. Cela s’est joué à un cheveu près par deux fois. L’histoire aurait été différente, la face du monde aussi. Jésus aurait quand même été le Christ, seulement, on aurait peut-être gagné 1’000 ou 10’000 ans.

  2. Catherine dit :

    Cette question me taraudait depuis un moment, sans que j’arrive à mettre du sens entre ce qui m’apparaissait comme paradoxal entre une conviction intime (notre liberté) et ces lignes de l’Évangile. Cela m’est maintenant plus clair., et je peux avancer avec cette clé. Merci infiniment pour cet éclairage.

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