Dieu est un chat 😀 (méditation d’un visiteur, Patrice Vezine)
Voici un texte écrit par un visiteur du site, que je partage avec vous avec joie, avec autorisation de l’auteur.
Que nous remercions bien. Marc Pernot
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Dieu est CHAT
Nombre de croyants aimeraient qu’il soit CHIEN.
C’est à dire qu’Il se manifeste quand on le siffle, qu’il ramène la baballe qu’on lui lance, qu’il nous caresse et nous réconforte sur commande.
Non, Dieu est CHAT.
Il est accepté tel qu’il est: quand il est absent nous devinons sa présence. Présent, nous ne lui imposons nullement notre tempo et apprenons à le comprendre, à lire sa volonté.
On dit souvent que le chien est le meilleur ami de l’homme parce que nous le domestiquons, nous le dominons.
On dit du chat au contraire qu’il est le patron et que nous habitons dans sa demeure. Y sommes nous plus malheureux?
Non. Le chat nous gratifie de sa douceur et nous apaise par son ronronnement. Mais c’est une grâce. Le retour librement consenti de la confiance et du respect que nous lui accordons.
Le chat nous rend de manière imperceptible meilleur en ce qu’il nous fait aimer l’altérité, le moment présent et nous apprend à aimer dans la liberté, en esprit et en essence et non par utilité, goût de la domination ou de la possession.
Il serait sans doute bon de réapprendre à prier près d’un chat.
Patrice Vezine
N’hésitez pas à proposer un beau texte de foi qui vous aurait inspiré.
Dieu est un chat, c’est évident: ne dit-on pas chat-l’homme (shalom), et n’est-Il pas venu en homme par minou (parmi nous) ?
D’autres diront qu’il est Spiderman, car il est appelé araignée (à régner), mais ce sont des in-sectes qui disent cela…
Une autre traduction, ou variante, dit que Jésus a été descendu par Minou. Ça fait froid dans le dos.
Merci de me faire rire aux éclats.
Il n’y a que le sérieux que le chat batte.
Très belle année à vous
L’auteur de cette croquette spirituelle
Merci beaucoup pour cette très belle méditation et ces billets d’humour !
C’est de la syntaxe, mais ça change un peu la réception : Dieu est chat, Dieu est plutôt chat que chien, et non Dieu est un chat : Dieu a une relation aux humains qui présente des analogies avec celle entre les chats et les humains. Mais sans le limiter à une catégorisation. De même que Dieu est Amour, et non Dieu est de l’Amour.
Et il y a aussi un nouvel animal mi-chat mi-chien, chien un peu chat, ou un peu chat, un peu chien, un peu renard, voire un peu humain (contournent les flaques d’eau, font preuve de raffinement japonais qui semble passé dans leurs gènes…) : le (petit) shiba, qui serait génétiquement le plus proche du renard, et son cousin le grand shiba, qui serait génétiquement génétiquement le plus proche du loup (génétiquement seulement, même si morphologiquement et socialement les husky ou chiens de traineau d’Alaska ou de Laponie sont plus proches encore), à moins que les shibas en général soient les plus proches à la fois du renard et du loup.
Je vais observer mes deux chats autrement maintenant
Qui répondra à la nouvelle question du chat du rabbin*, qui a fait la une des gazettes et le tour des salons littéraires de toute l’Europe : comment croire en un Dieu qui nous demande de croire en Lui sur la base des miracles racontés dans la Bible, dans un monde sans miracle ?
* : parue dans « la Bible pour les chats », note de l’éditeur.
Les vrais miracles sont-ils les naissances : apparition chaque fois d’un nouvel être, unique ?
A moins qu’il ne soit lui-même un miracle, ce chat qui parle, comme l’ânesse de Balaam, chat qui médite et accouche d’un prophète comme la baleine de Jonas, qui prophétisera quelque chose qui sera évité grâce à la prophétie à Ninive ?
Le monde semble désenchanté : depuis Élie et les prophètes de Balaam, les faux-dieux sont réduits à l’état de statuettes dans les musées des archéologues.
Mais aujourd’hui le Tsimtsoum apparent ne nous donne-t-il pas l’impression d’une marée basse des miracles ? Dieu s’est-il retiré, mis en retrait après la création pour laisser la possibilité à ses créatures d’être libres ? Y compris de croire ou de ne pas croire, l’action de Dieu paraissant indiscernable, la métaphysique étant inaccessible à l’expérience pour notre corps physique ?
Comme dans le Seigneur des anneaux, les enchantements disparaissent à la fin de l’histoire quand les lecteurs ou les spectateurs sortent de la fiction et reviennent à la réalité : les elfes et les magiciens ont quitté la Terre du Milieu, les spectres qui n’avaient pas accompli leur parole se sont volatilisés, les orques et les gobelins ont disparu, le dernier des balrogs-Belzébuth démons antiques des arcanes de la psyché humaine ont été vaincus après avoir entraîné la chute de Gandalf-le-Gris sur le pont du gouffre de la Moria, qui renaîtra en Gandalf-le-Blanc après avoir èré dans son cosmos intérieur, la chaîne des anneaux de pouvoir maléfiques a été brisée lorsque le maître anneau a été jeté dans le feu du volcan primitif par un membre de la chaîne humaine de la communauté de l’anneau, Sauron-Satan s’est rétracté, a perdu son pouvoir, ou a disparu. Le passage à l’enchantement permis par l’anneau entre la chaîne humaine et la chaîne des anneaux de pouvoir aux mains des Nazguls-fils-de-Bélial est supprimé. Seul reste le décor naturel du film, quelques arbres-Ents dans quelques forêts mystérieuses peut-être, et le village des hobbits dans les Terres de Nouvelle-Zélande, représentante terrestre de la Terre du Milieu légendaire. L’enchantement des contes de Grimm, des histoires de magie du Père Noël ou des légendes anciennes a disparu. Celui des monstres bibliques aussi : Satan a été enchaîné par Victor Hugo, Bélial ou Béliar est à peine nommé dans le Nouveau Testament, Bélzébuth n’est qu’un seigneur des mouches, le Léviathan est devenu un symbole pour un animal politique dictatorial sous la plume de Hobbes.
Reste le rationalisme biblique, ou le rationalisme des Lumières et le rationalo-empirisme des sciences modernes tout court. Le Tsimtsoum donne l’impression que même l’enchantement des miracles divins a disparu lui aussi. La poésie est dans le langage ou dans le spectacle de la Nature elle-même, incluant des êtres vivants, mais semblant en elle-même désenchantée. La magie se réfugie dans la seule compréhension d’approximations scientifiques de la réalité de plus en plus précises, justes et efficaces.
Seuls restent la Parole de Dieu dans la Bible : dans le murmure et le rameau d’amandier fleurissant au printemps, et non dans la puissance des éléments naturels. Dieu n’était pas ni dans la tempête ni dans le tremblement de terre ni dans le feu dit la Bible dans 1 Rois, mais dans le murmure doux et léger.
1 Rois 19-11-13 : « L’Éternel dit: «Sors et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel, et l’Éternel va passer!» Devant l’Éternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers; l’Éternel n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; l’Éternel n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; l’Éternel n’était pas dans le feu. Après le feu, il y eut un murmure doux et léger. Quand il l’entendit, Élie s’enveloppa le visage de son manteau, sortit et se tint à l’entrée de la grotte. Et voici qu’une voix lui fit entendre ces paroles: «Que fais-tu ici, Élie?» »
Ou encore dans la sortie des premiers bourgeonnements de l’amandier qui annoncent le renouveau du printemps.
Jérémie 1:11-12 : « La parole de l’Éternel m’a été adressée: «Que vois-tu, Jérémie?» J’ai répondu: «Je vois une branche d’amandier .»
Et l’Éternel m’a dit: «Tu as bien vu, car je veille à ce que ma parole s’accomplisse.» »
Et pourtant n’y a-t-il pas encore autre chose ? Le miracle n’est-il pas dans la Genèse de nous-mêmes ?
Quel est le symbolisme du mythe de la création dans la Genèse : Adam et Eve sont-ils un commencement ou un aboutissement ? Ne sont-ils pas le résultat du processus de création de Genèse 1 : du tohu-bohu, du chaos intérieur, nous passons à la lumière, puis aux sources de lumière, aux luminaires comme le Soleil, ou les étoiles pour s’orienter dans la nuit, ou la lune, petit luminaire, qui réfléchit la lumière de l’astre du jour. Symbolisme de la source de clarté, de la compréhension. Puis des créatures végétales apparaissent : nous suivons le cours des choses, nous nous y adaptons avec quelques flexions des branches et des feuilles sous le vent. Puis des animalités surgissent en nous : animaux sauvages ou compagnons fidèles, doués de mobilité, certains étant même parfois dotés de parole comme le Serpent. Ne dit-on pas que les humains sont chat ou chien, voire lapin ? Que l’homme est un loup pour l’homme, éternellement extérieur à lui-même et aux autres, animal social à l’insociable sociabilité ? Enfin Adam et Eve s’éveillent en nous sous l’effet de la Parole divine. Processus d’accomplissement de soi, d’humanisation intérieure plus complète, plus avancée, plus compétente peut-être. Nous accédons au jardin d’Éden. Mais n’allons pas trop vite car Dieu nous déconseille de convoiter ce à quoi nous ne sommes pas encore prêts. Le psaume 82(81) semble nous dire qu’humains, à qui la Parole de Dieu a été adressée, nous serions même des dieux en potentiel, en dignité, peut-être comme sources potentielles de vie et de création, en tant que créatures de Dieu créées à son image, mais de condition humaine, et inscrits dans un contexte de justice sociale.
Le Serpent (est-ce un lointain cousin du Léviathan ?) nous suggère de convoiter encore plus, sans attendre la sagesse d’y être préparé. Alors qu’il y a de bons arbres, et l’arbre de Vie qui peuvent nous régaler de leurs fruits bénis au jardin d’Éden. A nous de choisir au terme de l’ascension de notre propre genèse, chaque fois renouvelée : vie et stabilité, ou convoitise et instabilité. Cela peut rappeler aussi le dixième commandement du Décalogue.
Adam et Eve seraient-ils aussi accomplissement plutôt que commencement de l’humanité ? La Genèse de nous-même est source de lumière intérieure, guide et boussole pour la liberté. Les miracles principaux seraient alors l’apparition renouvelée de la Vie, et la Genèse intérieure de nous-même. Y a-t-il un stade un stade d’évolution encore après Adam et Eve ? Fait-on le choix de rester au jardin d’Éden à évoluer tranquillement, ou choisit-on de continuer l’aventure de l’humanité, vers de nouvelles disruptions, vers d’autres métamorphose intérieure, vers toujours plus de pouvoir sur la Nature et sur soi-même, et autant de responsabilités ? Avec les potentialités suggérées par le Serpent ou le Psaume 82.