Une petite fille, bouche ouverte, découvre quelque chose - Photo de Jeremiah Lawrence sur https://unsplash.com/fr/photos/IXiGMtCrQPg
Développement

« Nous, on ne pratique pas, on essaie de bien se comporter, de ne pas faire de mal entre nous. » c’est ok ?

Par : pasteur Marc Pernot

Une petite fille, bouche ouverte, découvre quelque chose - Photo de Jeremiah Lawrence sur https://unsplash.com/fr/photos/IXiGMtCrQPg

Question posée :

Bonjour cher Pasteur

Nous sommes tous appelés à aimer bien sûr . Les écritures appellent chaque croyant à évangéliser. Nous sommes invités à faire connaître l amour de Dieu. Pas seulement en longues paroles mais aussi en actes.

Cette semaine, j’ai rencontré à 2 reprises des personnes qui m’ont relaté  » nous, on ne pratique pas, on essaie de bien se comporter, de ne pas faire de mal entre nous ».
C’est fort bien, ces paroles, le respect de l’autre, faire en sorte d aimer notre prochain « . C’est indiqué dans l Evangile. Jésus nous a demandé d aimer notre prochain. C’est le deuxième commandement.
Qu en est il du premier commandement ?.
Car Jésus lui même a dit » tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur …,……. ».
Aimer leur prochain, comme ils le disent, c’est déjà aimer Dieu. Mais n est il pas besoin d’aimer Dieu en intimité, dans la prière, le silence, la méditation ?. Personnellement je pense que oui. Quand on analyse que Saint Paul dans un premier temps a pourchassé des chrétiens et en a même tué, Saint Paul pensait agir pour une cause juste. Il s agit d un exemple un peu extrême. Mais parfois pensant bien faire, on peut être loin de la vérité.
J avais lu les commentaires d un Pasteur qui insistait fortement de nous intéresser à nos pensées, lesquelles répétées vont déterminer nos actes. Et ce Pasteur indiquait qu au préalable il faut  » travailler » notre cœur pour l ajuster avec celui de Dieu, pas l égaler, mais rechercher une disposition du cœur, car c’est ainsi que Dieu nous  » parlera », nous donnera des instructions, des inspirations.
Cette semaine j’ai assisté à un procès d Assises. L accusé a expliqué son enfance chaotique : son père l a violé nombre de fois avec des sévices corporels. Il a expliqué qu’il a vraiment souffert.
Les psy évoquent bien que dans certains cas, l enfant victime peut reproduire un schéma en étant cette fois ci auteur. Je dis bien peut. Ce n’est pas dans tous les cas, bien heureusement. Accusé de viols sur personne vulnérable, il a déclaré qu’il ne comprenait pas que ses agissements étaient si mauvais que cela.
Donc ma question, n est il pas essentiel d avoir une relation avec Dieu , en priorité.
Et comment dire cela à des adultes qui sont dans la normalité de beaucoup de gens ?
Merci beaucoup pour votre réponse.
Que Dieu vous bénisse.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Merci pour cette belle réflexion !

C’est excellent, déjà, que ces personnes ne fassent pas de mal, c’est infiniment mieux si elles font du bien ! Notre monde a besoin de personnes qui ne vivent pas seulement dans l’égoïsme et la jouissance personnelle. Des personnes qui se soucient des autres

Seulement, je suis bien d’accord avec vous, c’est un peu (très) dommage de s’arrêter là.

Pour donner un exemple (c’est parfois parlant) :
Que conseillerait-on à une entreprise qui tourne à peu près bien ? On lui conseillerait d’investir dans une part de recherche et de développement. Sinon, elle risque de ne pas évoluer, de rater de nouvelles opportunités et de s’épuiser dans une routine devenant mal adaptée. Et si l’entreprise a de petits problèmes sur quelques points (rien n’est parfait), il est bon de prendre du temps pour travailler dessus.

Notre être est comme cela : il est bon d’être en recherche, de creuser, de chercher une profondeur et une élévation, une largeur de vue. Il est bon de se remettre un peu en cause (sans se culpabiliser, cela ne sert à rien non plus, mais avec lucidité et bienveillance).

L’être humain est un être en devenir, c’est sa nature, sa vocation. Et en plus c’est génial, c’est passionnant, et même : c’est une part de notre bonheur d’avancer dans son être. C’est pour cela que Jésus nous appelle à nous reconnaître comme un enfant : en croissance.

Donc, je conseillerais au moins à ces personnes de se donner des temps de recherche et de développement de leur être intérieur.

  • Pour leur tête : un peu de philosophie, de théologie, de lectures diverses, de rencontres et de débats.
  • Pour leur esprit : un peu de spiritualité, de prière.
  • Pour leur cœur : découvrir des personnes diverses en s’intéressant aux personnes que l’on rencontre.

Mais bon, je dis cela sans jugement. Chacun vit comme il veut, comme il peut. Surtout si ce que l’on est produit déjà de bons fruits de justice et de bonté, de paix. Nous n’allons pas nous en plaindre !

Pour le monsieur qui a commis des crimes, le fait qu’il en ait subi dans son enfance permet de comprendre et de compatir, seulement ce n’est pas une excuse car 9/10 des personnes maltraitées dans leur enfance ne deviennent pas maltraitantes pour autant, heureusement. L’excuser serait très injurieux, ce serait le traiter comme une pauvre chose qui n’a pas de personnalité. Alors qu’il est digne d’aller mieux que cela. Et pour que ce soit possible il est bon d’être soigné, et comme vous dites : un travail spirituel et théologique nous aide et l’aiderait à se construire : à poursuivre, la main dans la main avec Dieu, son évolution, la croissance de l’enfant de Dieu en lui.

Est-ce que cette dimension de relation à Dieu doit être une priorité par rapport à l’action d’aimer notre prochain ? Il me semble que c’est plutôt comme deux jambes : pour marcher c’est assez pratique d’en avancer l’une, la poser, puis avancer l’autre, la poser. Etc. pas à pas. Notre temps avec Dieu, et notre temps dans le monde à agir, se complètent, s’interpellent mutuellement, se nourrissent mutuellement, se corrigent mutuellement. A cela s’ajoute du temps pour soi, du temps de repos, temps de jachère, improductif en apparence, mais si important pour notre respiration.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Rosset Claire-Lise dit :

    Bonjour,

    Je reviens sur le thème de nos pensées en cogitant depuis quelques jours sur ce verset de 2 Cor. 10:5 : « nous amenons toute pensée captive à l’obéissance du Christ. » Vaste programme, qui détermine aussi nos actes, il me semble.

    J’écoutais ce matin une homélie du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine dans laquelle il cite une prière à l’Esprit Saint du cardinal Verdier au début du XXème s et qui va dans le sens de mes réflexions :

    « O Esprit Saint, amour du Père et du Fils, inspirez-moi toujours ce que je dois penser, ce que je dois dire, comment je dois le dire, ce que je dois vous écrire, comment je dois agir, ce que je dois faire pour procurer votre gloire, le bien des âmes et ma propre sanctification.
    O Jésus, toute ma confiance est en Vous. »
    Le travail de toute une vie, non ?

    Bien à vous
    Claire-Lise Rosset

  2. Gérard dit :

    Cher Pasteur, merci beaucoup pour votre réponse enrichissante.
    Ces personnes que j’ai rencontrées avec leur sincérité font bien des efforts de comportement, et ça va dans le bon sens. D autres personnes que j’ai rencontrées méditent et prient, remercient le Seigneur pour ce qui se passe déjà bien dans leur situation et espèrent dans le Seigneur. Ils m’ont témoigné que parfois ils ont vu le geste de grâce de Dieu par un évènement particulier , sans pour autant voir Dieu partout. La dernière personne qui m’a parlé ainsi m a dit ressentir une dynamique dans sa vie par sa foi. Il trouve un bonheur de s adresser à Dieu ainsi sachant que Dieu lui veut son bien. Et comme il me disait ,  » et si j’ai une épreuve, je sais que je ne suis pas seul. Il m aide « .
    Quant à l accusé, c’est bien malheureux pour les victimes. Il faut bien traiter les affaires judiciaires au mieux. Je vous rejoins quand vous dîtes que tous les enfants victimes de maltraitance ne deviennent pas pour autant maltraitants, devenus adultes. Mais l origine du problème pour cet accusé prend naissance avec les parents de l’accusé. C’est bien regrettable.
    Que Dieu vous bénisse.
    Gérard

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