28 octobre 2018

illustration : statue d
Ethique

L’obéissance aux parents est toujours obligatoire ?

Par : pasteur Marc Pernot

illustration : statue d'un bébé plus grand que son père - by Troy David Johnston https://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/ http://www.flickr.com/photos/42170140@N08/14794815311

Question d’un visiteur :

Bonjour

L’obéissance aux parents est toujours obligatoire ?

Merci

Emma

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Emma

C’est une très bonne question, la réponse est assez facile à apporter en théorie, mais la suite est très délicate à appliquer, dans la situation réelle de la vie.

Oui, en général, il convient de suivre ce que disent les parents. Car l’être humain n’est pas créé seulement avant la naissance, mais cette création comprend une croissance dans les différentes dimensions de l’humain, et cela prend des années. C’est la mission des parents de « travailler » à cette création. Mais la personne humaine n’est pas une statue que l’on modèle avec ses mains comme l’artiste le décide. La personne humaine ne peut être fabriquée qu’en collaboration, en équipe avec la personne elle même. Par exemple : on ne peut forcer quelqu’un à aimer.

Donc oui, il est bon d’écouter et si possible d’obéir aux parents.

Mais ce n’est pas un absolu non plus, pour deux raisons (au moins) :

  • Par exemple, si des parents fous demandaient à un de leurs enfants de se jeter dans le feu, la meilleure décision serait de désobéir, bien entendu. Heureusement, c’est assez rare, mais cela montre quand même les limites du principe. Les parents sont des humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Il y a des choses que l’on ne peut pas, doit pas imposer à son enfant. En cas de doute, il vaut mieux demander à un adulte de confiance son avis (pour savoir si c’est nous qui déraillons ou les parents).
  • Ensuite, il est naturel que des parents aient leur point de vue sur ce qui est le meilleur pour leur enfant, mais voilà, ils ne sont pas leur enfant, il peut avoir sa propre inspiration, de plus en plus avec l’âge. Parfois, des parents, croyant bien faire, exagèrent en voulant choisir même la couleur des chaussettes de leur « enfant » de 18 ans ! C’était normal de refuser qu’il coiffe ses cheveux en crête de coq rose quand il avait 12 ans, mais progressivement, les parents ont à apprendre à laisser une autonomie adaptée à l’âge de leur enfant. Ce n’est pas facile pour eux, et le niveau de contrainte, les sujets sensibles sont assez subjectifs, les parents sont évidemment plus préoccupés par le degré de risque que comporte telle ou telle activité… Il y faut donc de la compréhension, de l’adaptation, du compromis des deux côtés. Et donc au moins de la bienveillance, de la compréhension du point de vue de chacun.

Donc il peut exister des cas où il n’est pas obligatoire d’obéir à ses parents. Même si cela doit rester limité. Et bien sûr, par dessus tout, se faire dans le respect des parents, d’autant plus qu’on n’est pas de leur avis. En tout cas : si l’on choisit de désobéir, au moins, que ce soit en ayant de bonnes raisons, donc en ayant analysé et réfléchi avant, de le faire et en expliquant les raisons, en s’excusant si possible de ne pas suivre leur avis, plutôt que de le faire en criant, injuriant, explosant… on n’est pas des sauvages non plus ?

Mais le plus difficile est donc : comment savoir si nous devons obéir ou non à quelque chose qui ne nous plait pas mais que les parents exigent ? Savoir si nous avons raison de vouloir cela et si par hasard ce ne sont pas les parents qui auraient raison (ça arrive) ! C’est là qu’il est bon d’apprendre à réfléchir par soi-même. Pour cela, il convient de muscler sa capacité à analyser les situations avec finesse. Car quand nous hésitons entre différentes solutions c’est qu’elles ont chacune un bon côté et un mauvais côté… Il faut donc arriver à se poser suffisamment les bonnes questions, évaluer les avantages et les inconvénients (souvent ce n’est pas juste oui ou non, mais entre les deux), voir les avantages et les risques qui sont le plus importants à court ou long termes. Puis arriver à se décider, arriver à agir en cohérence avec ce que l’on a décidé. Ensuite arriver à assumer ce que l’on a fait, éventuellement réparer les dégâts, apprendre, progresser, réfléchir, prier Dieu aussi pour lui demander conseil et force…

Comme tout cela peut progresser avec l’expérience, il arrive que les parents aient de bonnes vraies raisons (que nous ne comprendrons que plus tard) de nous imposer quelque chose. Parfois, ce sont eux qui évaluent mal certains paramètres. Cela arrive aussi.

Donc, bref, pas facile comme question. Mais quand même, peut-être que comme principe général il vaut mieux plutôt négocier et parler, plutôt que s’affronter et désobéir. La vie est plus douce ainsi pour tout le monde.

Et en tout cas Dieu, lui, nous comprend et nous pardonne. Il nous accompagne pour nous aider à avancer, nous relever quand nous tombons, nous rechercher quand nous sommes perdus.

Amitiés fraternelles

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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3 Commentaires

  1. Laetitia dit :

    ayant 1 fille de 16 ans..bien souvent capricieuse concernant les vêtements et restaurants, ne prend guère le temps de réfléchir à ma situation, je gagne peu, je suis seule, son attitude me rend triste et désemparée, coupable .
    Pourtant nous dialoguons très bien.
    Rien n’est simple en tant que maman et peut-être pour elle non plus.
    Quelques fois elle me dit que aller dans les friperies c’est pas cher et éthique, mouais, mais 3e par ci par là ca grimpe vite…maligne et surtout je pense qu’elle a trouvé mon point faible, la culpabilité. .
    J’aurais voulu qu’elle soit plus mature, ou c’est moi qui ne le suis pas en fait..

    1. Marc Pernot dit :

      Très très touchant. Tellement plein d’amour, de respect et d’humilité. De sagesse, aussi.
      Votre fille a vraiment de la chance d’avoir une maman comme cela.
      Grand respect.
      Dieu vous bénit, vous et votre fille.

  2. Laetitia dit :

    Je ne m’attendais pas à cette réponse, merci , je suis émue, je ne me voyais pas ainsi…
    Vous me donnez foi en mon statut de maman.
    À mon tour de vous bénir.

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